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Coups de cœur
Mobilier scolaire
L'école était charmante au temps des hannetons,
Quand, par la vitre ouverte aux brises printanières,
Pénétraient, nous parlant d'écoles buissonnières
Et mettant la folie en nos jeunes cerveaux,
Des cris d'oiseaux dans les senteurs des foins nouveaux ;
Alors, pour laid qu'il fût, certes ! il savait nous plaire
Notre cher mobilier si pauvrement scolaire.
A grands coups de canif, travaillant au travers
Du vieux bois poussiéreux et tout rongé des vers,
Nous creusions en tous sens des cavernes suspectes,
Où logeaient, surveillés par nous, des tas d'insectes :
Le noir rhinocéros, qui porte des fardeaux,
Le taupin, clown doué d'un ressort dans le dos,
Le lucane sournois, mais aimable du reste,
Le charançon, vêtu d'or vert, et le bupreste...
J'oubliais l'hydrophile avec le gribouri.
Paul Arène
Je suis la dangereuse et la très douce...
Je suis la dangereuse et la très douce. Celle qui tourbillonne mais ne change jamais. Je suis la puissance et l’innocence, la tempête et l’embellie. Le printemps tenace et le sang sur la neige. L’amante aux gestes lents, aux yeux plein de lumière. Celle que l’on révère et celle que l’on brûle comme sorcière. La clémente et la très lointaine. Celle qui murmure des secrets.
Je bouscule tous vos plans d’un grand rire, j’éparpille vos lois, et en tremblant je vous offre une rose. Je suis la nostalgie au fond de votre cœur. Je vous attends depuis l’aube du monde, je veille sur chaque heure de votre sommeil. C’est mon sourire qui vous a portés jusqu’à ce jour et qui vous fait croire en la vie. Je suis votre destin, je fais tourner la roue.
Je suis la femme. Une brise de rien du tout sur l’océan de vivre. Un grand tracas d’amour qui monte jusqu’aux étoiles.
Jacqueline Kelen, Les femmes éternelles
Le portrait
Il mélange au fond de sa tasse
Du miel
Il regarde par le vasistas
Le ciel
À chaque fois que passe un avion
Il se dit que c'est peut-être elle
Qui passe au-dessus de sa maison
On lui a dit qu'elle était au Ciel
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère dessinée à la craie
Tous les soirs en secret ce dessin il le fait
Trait pour trait à partir d'un portrait
Perdu au fond de sa classe
Il s'emmêle
Il se débat avec le coriace
Pluriel
Puis il explique à sa maîtresse
Pourquoi 'parent' ne prend pas d'S
Des câlins il en voudrait tellement
Ne serait-ce qu'un par an
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère dessinée à la craie
Tous les soirs en secret ce dessin il le fait
Trait pour trait à partir d'un portrait
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère dessinée à la craie
Tous les soirs en secret ce dessin il le fait
Trait pour trait à partir d'un portrait
Trait pour trait à partir d'un portrait
Calogero
Chaconne en fa majeur
Nulle paix je ne trouve
Le poème
Le poème apparaît souvent comme un éboulis de mots,
dépourvus de sens pour l'œil non exercé.
Andrée Chedid
Le potier
Ton corps entier possède
la coupe ou la douceur qui me sont destinées.
Quand je lève la main
je trouve en chaque endroit une colombe
qui me cherchait
comme si, mon amour, d’argile on t’avait faite
pour mes mains de potier.
Tes genoux, tes seins
et tes hanches
me manquent comme au creux
d’une terre assoiffée
d’où l’on a détaché
une forme,
et ensemble
nous sommes un tout comme l’est un fleuve
ou comme le sable.
Pablo Neruda