Laisse les choses
laisse les choses aller
laisse les choses partir
laisse les choses se produire
rien
dans ce monde
ne t'était promis
ni ne t'appartenait
- tu ne possèdes que toi-même
Rupi Kaur
Coups de cœur
laisse les choses aller
laisse les choses partir
laisse les choses se produire
rien
dans ce monde
ne t'était promis
ni ne t'appartenait
- tu ne possèdes que toi-même
Rupi Kaur
Ma belle, mon adorée, je m’ennuie de toi à mourir. Tout est vide, je n’ai que tes vêtements à embrasser. Ton corps, tes yeux, ta bouche, toute ta présence me manquent. Tu es la seule, je t’aime de toute éternité. Toutes les détresses que j’ai subies ne sont rien. Mon amour, notre amour les brûle. Quand tu reviendras, je veux te parer merveilleusement. Donne-moi la taille pour les pyjamas (!!!). Je veux pour toi tout ce qu’il est possible d’avoir, tout ce qu’il y a de plus beau. Reste le moins longtemps possible absente. Reviens vite. Sans toi, je ne suis plus rien. Tous les autres désirs je les réalise en rêve. Le désir que j’ai de toi, je le réalise dans la réalité. Il absout la réalité.
Lettre de Paul Eluard à Gala (Helena Dmitrievna Diakonova)
Flambeau de l'Univers, charmant père du jour,
Globe d'or et de feu, centre de la lumière,
Admirable portrait de la cause première,
Tu fais de la nature et la joie et l'amour.
Comme un superbe roi, qui brille dans sa cour,
Couronné de rayons en ta haute carrière,
Des portes d'Orient tu franchis la barrière,
Pour visiter le Gange et le Pô tour à tour.
Ainsi marchant toujours dans la pompe royale,
Et courant de l'aurore à l'Inde occidentale,
Tu répands en tous lieux ton éclat sans pareil.
Mais si je te compare au Dieu de la nature,
Dont tu n'es après tout que la faible peinture,
Ton éclat n'est qu'une ombre et tu n'es plus soleil.
Laurent Drelincourt
La lavandière est mon amie
Ses cheveux roux sont des ruisseaux
Ses cheveux mènent à l'amour.
La lavandière est jeune fille
Elle a volé ma chanson d'eau
Pour laver le seuil de l'auberge.
Compagnons des bois et des champs
Vos grimaces pèsent si lourd
Savez-vous le secret des vierges
Qui vont à l'eau laver leur sang
Avant l'alouette ou la caille.
Compagnons de la couche-paille ! ...
C'était un soir fauve et lézard
Le ciel le lit soufflaient dans l'herbe
Avec un vent de chasseur noir.
Compagnons oubliez les gerbes
Portes dorées sur nids calleux
La lavandière a pris mes yeux
Pour laver le masque des mâles
Et voir miracle en ses cheveux
Virer leur face à l'ange pâle.
C'était un soir ni feu ni lieu
Un vrai soir d’avant la parole
Où les enfants comprenaient Dieu.
Les volets ouvraient leurs corolles ...
Lavandière, ô chérie mouillée
Rappelle-toi celle aux yeux clos
Qui faisait germer les visages
Selon sa petite rosée.
Ton ventre porte sa chanson
Comme un poisson dans un nuage
Tu mènes l'homme à la rivière
Sous les ponts de la vieille terre.
Moi je t'écoute de très haut
La blanche hermine du repos
Couvée sous mon aisselle chaude
Fourrure à dormir sans frisson
Fade quand se répète l'aube.
Lavandière lavant la vie
-Nous suivons le même chemin
Celui de l’eau celui des mains.
La lavandière est mon amie.
Angèle Vannier
Poète est celui qui rompt avec l'accoutumance.
Saint-John Perse
Le visage de ceux qu'on n'aime pas encor
Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,
Et va s'illuminant sur de pâles décors
Dans un argentement de lune qui se lève.
Il flotte du divin aux grâces de leur corps,
Leur regard est intense et leur bouche attentive ;
Il semble qu'ils aient vu les jardins de la mort
Et que plus rien en eux de réel ne survive.
La furtive douceur de leur avènement
Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,
Nous pressentons en eux d'impérieux amants
Venus pour nous afin que le sort s'accomplisse ;
Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,
Notre vie uniment vers leur attente afflue :
Il semble que les corps s'unissent par les yeux
Et que les âmes sont des pages qu'on a lues.
Le mystère s'exalte aux sourdines des voix,
A l'énigme des yeux, au trouble du sourire,
A la grande pitié qui nous vient quelquefois
De leur regard, qui s'imprécise et se retire...
Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,
Où l'on se sent le cœur trop las pour se défendre,
Où l'âme est triste ainsi qu'au moment de mourir ;
Ce sont des unions lamentables et tendres...
Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,
Mystérieusement les élus du mensonge,
Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,
Offert nos lèvres d'ombre, ouvert nos bras de songe.
Anna de Noailles
Souffle et fleuris, ô monde, et ouvre-toi grand
Au ciel et au vent, à la nuit et au midi de l’été.
Absorbe cette lumière et cette chaleur pénétrante
Dans tes racines, tes graines ; endors-toi sous la lune
Quand le soleil s’est obscurci à l’ouest ;
Prends ce qui est offert ; cela ne durera pas ;
Et garde tout, sans réfléchir, dans ton cœur…
L’obscurité aussi bien que le jour, la griffe du faucon
et le chant de la grive,
Ne laisse rien partir, rien sauf les regrets,
Ta prise leur est hommage, chaque partie
Ne valant pas moins que le tout. Oublie tous les remords ;
Ils sont un bandeau posés sur les cœurs clairvoyants,
Et il y a du temps – ou peut-être pas – pour regretter
Davantage ce que l’on n’a pas fait que ce que l’on a fait.
Otis Kidwell Burger
Mon Jeannot,
Le beau dimanche approche. Même s’il pleut, ce sera un beau dimanche. Voilà le prodige de notre rêve et que les circonstances rendent si merveilleux. Je n’existe que par toi et par ces visites — je n’écoute plus la ville et son brouillard d’idées. Tout me semble clair et pur à cause de ton soleil et de ton espoir. C’est toi qui as raison. C’est ton étoile qui donne la chance et la joie. C’est le reste qui s’embrouille et trébuche dans les ténèbres.
Lettre de Jean Cocteau à Jean Marais