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Coups de cœur
Mon Dieu, que j'aime à baiser les beaux yeux
Mon Dieu, que j'aime à baiser les beaux yeux
De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche
De ses cheveux l'or fin qui s'escarmouche
Si gaiement dessus deux petits cieux !
C'est à mon gré le meilleur de son mieux
Que ce bel oeil, qui jusqu'au coeur me touche,
Dont le beau noeud d'un Scythe plus farouche
Rendrait le coeur courtois et gracieux.
Son beau poil d'or, et ses sourcils encore
De leurs beautés font vergogner l'Aurore,
Quand au matin elle embellit le jour.
Dedans son oeil une vertu demeure,
Qui va jurant par les flèches d'Amour
De me guérir ; mais je ne m'en assure.
Pierre de Ronsard
Ma nuit t’espère
...
Ma nuit t’espère.
Mon corps t’attend.
Ma nuit voudrait que tu reposes au creux de mon épaule et que je me repose au creux de la tienne.
Ma nuit voudrait être voyeur de ta jouissance et de la mienne, te voir et me voir trembler de plaisir.
Ma nuit voudrait voir nos regards et avoir nos regards chargés de désir.
Ma nuit voudrait tenir entre ses mains chaque spasme.
Ma nuit se ferait douce."
Lettre de Frida Kahlo à Diégo Rivera, 12 septembre 1939
Le sourire de l'amour
Un matin l'Amour inventa le sourire
Une aurore délicate au charme radieux
Et l'Univers est né au grand plaisir des dieux
Qui prient que cette grâce ne cesse de s'épanouir
Un jour des déesses se plurent à rêver
Une émotion sublime les envahissait
Une danse éternelle un harmonieux ballet
De leurs larmes naquirent les perles étoilées
Et le temps déploya ses ailes sur le monde
Balbutiant un futur dans l'ombre de l'hier
Les couleurs marièrent la nuit à la lumière
Une Terre s'enivrait d'espérances fécondes
Un soir un ange sur ma vie déposa un baiser
Et dévoila des songes aux fabuleux secrets
Ton sourire s'est mélé au langage muet
Mon âme s'est animée d'une ronde enchantée
avril 1999 - Evelyne Pastor
La naissance de Vénus I
Je ne sais comment je dure
Je ne sais comment je dure ;
Car mon dolent (1) cœur fond d’ire (2),
Et plaindre n’ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,
Ma dolente vie obscure (3),
Rien, hors la mort, ne désire ;
Je ne sais comment je dure.
Et me faut par couverture (4)
Chanter quand mon cœur soupire,
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j’endure ;
Je ne sais comment je dure.
1. Souffrant
2. Chagrin, douleur, colère
3. Sombre, triste.
4. Par dissimulation.
Christine de Pisan
Je ne parle pas ici de la poésie
Je ne parle pas ici de la poésie comme un genre.
Elle est plutôt une vision du monde, une façon particulière d'aborder la réalité,
qui devient une philosophie et qui oriente la vie d'un homme jusqu'à la fin de ses jours.
— Andreï Tarkovski, Le temps scellé
Heure
L'heure de Toi, l'heure de Nous
Ah... Te le dire à tes genoux,
Puis sur ta bouche tendre fondre
Prendre, joindre, geindre et frémir
Et te sentir toute répondre
Jusqu'au même point de gémir...
Quoi de plus fort, quoi de plus doux
L'heure de Toi, l'heure de Nous ?
12 novembre 1939
Paul Valéry
Angel Eyes
Toute grâce et toutes nuances
Toute grâce et toutes nuances
Dans l'éclat doux de ses seize ans,
Elle a la candeur des enfances
Et les manèges innocents.
Ses yeux, qui sont les yeux d'un ange,
Savent pourtant, sans y penser,
Éveiller le désir étrange
D'un immatériel baiser.
Et sa main, à ce point petite
Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait,
Captive sans espoir de fuite,
Le cœur pris par elle en secret.
L'intelligence vient chez elle
En aide à l'âme noble ; elle est
Pure autant que spirituelle :
Ce qu'elle a dit, il le fallait
Et si la sottise l'amuse
Et la fait rire sans pitié,
Elle serait, étant la muse,
Clémente jusqu'à l'amitié,
Jusqu'à l'amour - qui sait ? peut-être,
A l'égard d'un poète épris
Qui mendierait sous sa fenêtre,
L'audacieux ! un digne prix
De sa chanson bonne ou mauvaise !
Mais témoignant sincèrement,
Sans fausse note et sans fadaise,
Du doux mal qu'on souffre en aimant
Paul Verlaine