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Le désir qui fait que toute la surface de la peau

6 Mai 2021, 01:33am

Publié par vertuchou

Le désir qui fait que toute la surface de la peau s'éclaire et désire la surface d'une autre peau dont on ne connait rien. On est intime avant même de se connaître. On ne peut plus se passer du regard de l'autre, de son sourire, de sa main, de ses lèvres. On perd la boussole, on s'affole. On le suivrait au bout du monde et la raison dit : mais que sais tu de lui ? Rien, rien, hier encore il portait un prénom inconnu.

Quelle belle ruse inventée par la biologie pour l'homme qui se croit si fort ! Quel pied de nez de la peau au cerveau ! Le désir s'infiltre dans les neurones et les embrouille. On est enchainé, privé de liberté.

Katherine Pancol, Les yeux jaunes des crocodiles

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La jeune fille et l'ange de la poésie

5 Mai 2021, 01:44am

Publié par vertuchou

Éveille-toi, ma sœur, je passe près de toi !
De mon sceptre divin tu vas subir la loi ;
Sur toi, du feu sacré tombent les étincelles,
Je caresse ton front de l'azur de mes ailes.
À tes doigts incertains, j'offre ma lyre d'or,
Que ton âme s'éveille et prenne son essor !...

Le printemps n'a qu'un jour, tout passe ou tout s'altère ;
Hâte-toi de cueillir les roses de la terre,
Et chantant les parfums dont s'enivrent tes sens,
Offre tes vers au ciel comme on offre l'encens !
Chante, ma jeune sœur, chante ta belle aurore,
Et révèle ton nom au monde qui l'ignore.

LA JEUNE FEMME.

Grâce !.. éloigne de moi ton souffle inspirateur !
Ne presse pas ainsi ta lyre sur mon cœur !
Dans mon humble foyer, laisse-moi le silence ;
La femme qui rougit a besoin d'ignorance.
Le laurier du poète exige trop d'effort...
J'aime le voile épais dont s'obscurcit mon sort.
Mes jours doivent glisser sur l'océan du monde,
Sans que leur cours léger laisse un sillon sur l'onde ;
Ma voix ne doit chanter que dans le sein des bois,
Sans que l'écho répète un seul son de ma voix.

L'ANGE DE POÉSIE.

Je t'appelle, ma sœur, la résistance est vaine.
Des fleurs de ma couronne, avec art je t'enchaîne :
Tu te débats en vain sous leurs flexibles nœuds.
D'un souffle dévorant j'agite tes cheveux,
Je caresse ton front de ma brûlante haleine !

Mon cœur bat sur ton cœur, ma main saisit la tienne ;
Je t'ouvre le saint temple où chantent les élus...
Le pacte est consommé, je ne te quitte plus !
Dans les vallons lointains suivant ta rêverie,
Je prêterai ma voix aux fleurs de la prairie ;
Elles murmureront : « Chante, chante la fleur
Qui ne vit qu'un seul jour pour vivre sans douleur. »
Tu m'entendras encor dans la brise incertaine
Qui dirige la barque en sa course lointaine ;
Son souffle redira : « Chante le ciel serein ;
Qu'il garde son azur, le salut du marin ! »
J'animerai l'oiseau caché sous le feuillage,
Et le flot écumant qui se brise au rivage ;
L'encens remplira l'air que tu respireras...
Et soumise à mes lois, ma sœur, tu chanteras !

LA JEUNE FEMME.

J'écouterai ta voix, ta divine harmonie,
Et tes rêves d'amour, de gloire et de génie ;
Mon âme frémira comme à l'aspect des cieux...
Des larmes de bonheur brilleront dans mes yeux.
Mais de ce saint délire, ignoré de la terre,
Laisse-moi dans mon cœur conserver le mystère ;

Sous tes longs voiles blancs, cache mon jeune front ;
C'est à toi seul, ami, que mon âme répond !
Et si, dans mon transport, m'échappe une parole,
Ne la redis qu'au Dieu qui comprend et console.
Le talent se soumet au monde, à ses décrets,
Mais un cœur attristé lui cache ses secrets ;

Qu'aurait-il à donner à la foule légère,
Qui veut qu'avec esprit on souffre pour lui plaire ?
Ma faible lyre a peur de l'éclat et du bruit,
Et comme Philomèle, elle chante la nuit.
Adieu donc ! laisse-moi ma douce rêverie,
Reprends ton vol léger vers ta belle patrie !

L'ange reste près d'elle, il sourit à ses pleurs,
Et resserre les nœuds de ses chaînes de fleurs ;
Arrachant une plume à son aile azurée,
Il la met dans la main qui s'était retirée.
En vain elle résiste, il triomphe... il sourit...
Laissant couler ses pleurs, la jeune femme écrit.

Sophie d'Arbouville

 

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Un Soir sur la Loire

4 Mai 2021, 01:25am

Publié par vertuchou

Félix Vallotton, Un Soir sur la Loire, 1923

Félix Vallotton, Un Soir sur la Loire, 1923

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A Jamais

3 Mai 2021, 01:17am

Publié par vertuchou

A jamais,
le sourire osé,
rayonne devant.
A jamais,
pour atteindre tes yeux
d’eau profonde.

A jamais,
Les douces cordes
flottent devant,
pour atteindre
mes oreilles ouvertes.

A jamais,
L’esprit concentré
sur le corps fait de bois.
Savoir à jamais,
ton âme, écouter.

A jamais,
La pièce se remplit
de mélodies.
A jamais,
le recueillement de signes anciens
à la lueur d’une simple bougie.

Chloe Douglas, 2010

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La poésie, c'est

2 Mai 2021, 01:44am

Publié par vertuchou

La poésie, c'est demander aux mots
de faire revenir la lumière
dans nos existences.

Yves Bonnefoy

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Premier mai

1 Mai 2021, 07:15am

Publié par vertuchou

C'est le Premier Mai. Debout, camarades !
Esclaves courbés sur les durs travaux
Des grandes usines,
Un peu de fierté monte en nos poitrines
Avec le parfum des lilas nouveaux...

C'est le Premier Mai. Marchons camarades !
Un grand souffle ardent passe en nos cerveaux !
C'est le Premier Mai. Debout, camarades !
Au milieu du ciel, le soleil vainqueur
Luit pour tout le monde :
Hélas ! notre part de sa clarté blonde
Sert à fabriquer l'or de l'Exploiteur...

C'est le Premier Mai. Marchons camarades !
Nous avons aussi des droits au bonheur !
C'est le Premier Mai. Debout, camarades !
Par la ville allons, la main dans la main
Et crions justice.
Il est temps qu'un peu d'équité fleurisse
Entends-tu, bourgeois au cœur inhumain ?

C'est le Premier Mai. Marchons camarades !
Et clamons nos droits sur notre chemin !
C'est le Premier Mai. Debout, camarades !
Déjà l'Avenir se laisse entrevoir :
Ayons confiance !
Après l'âpre hiver, le Printemps s'avance,
Chassant les corbeaux au triste vol noir...
C'est le Premier Mai. Marchons, camarades !
Les jeunes rameaux sont couleur d'espoir !

- date : 1911.
- texte : Gaston Couté.
- musique : air du Temps des cerises

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Monk's Mood

30 Avril 2021, 01:00am

Publié par vertuchou

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Il nous faut croiser

29 Avril 2021, 01:31am

Publié par vertuchou

Il nous faut croiser bien des revenants, dissoudre bien des fantômes, converser avec bien des morts, donner la parole à bien des muets, à commencer par l’infans que nous sommes encore, nous devons traverser bien des ombres pour enfin, peut-être, trouver une identité qui, si vacillante soit-elle, tienne et nous tienne. La vie est inquiète.
 
Jean-Bertrand Pontalis,  Traversée des ombres

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Qui pourrait décrire le désir

28 Avril 2021, 01:58am

Publié par vertuchou

Qui pourrait décrire le désir quand il est aussi torride, chargé de succulences, impérieux ? Il échappe aux mots. Seule, peut-être, la musique peut rendre la puissance de la houle qui le porte, le souffle brûlant et les vibrations qu’il dégage. Il m’a, naguère, inspiré un tableau (allons, tant pis, fini le secret ! On sait maintenant ce que je fais). La toile était ronde, et j’avais peint une incandescence orange au centre, vers laquelle vibrait un déferlement d’ondes rouges et lavande. (J’en étais alors à ma période dite abstraite, qui suivit ma période dite figurative, laquelle précéda ma période dite postmoderniste, celle des photogrammes.) Ces ondes de rouges et de lavande, semblables aux orbes futuristes d’une meurtrissure, j’en ressens physiquement le choc à présent : elles me pénètrent, m’envahissent avec les caresses de mon amant qui parcourent mon corps, glissent jusqu’à mes fesses, se coulent entre mes cuisses où ses doigts écartent la fente de la culotte rouge, trouvent l’orée satinée. Et je me liquéfie…
La suite, qui ne la connaît d’avance, moi la première ? – à ceci près que je suis affolée de désir.

Erica Jong,  Nana blues

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Tu m’as tout pris

27 Avril 2021, 01:19am

Publié par vertuchou

Tu m’as tout pris…
Tu m’as pris jusqu’à la seconde d’oubli …

Je m’échappe à moi-même
Je me coule entre les doigts
Et je ruisselle sur ma vie
Comme sur une plaine morte

Je pense à vous
Les mots sont neufs
Fondants comme une rose de Noël
Dans l’arbre
Avec ses surprises, ses flammes, sa légende

Marcher avec toi
Me mettre du rouge avec toi
Du rouge aux lèvres
Du rouge aux ongles
Du rouge au cœur

Retrouver le monde avec toi
Dans mes deux mains
Parce que tu m’auras conté
Une pluie au printemps
Ou un cuivre qui fait l’amour
Avec le soleil

Mourir de ta chair en moi
M’endormir et rêver que je rêve de toi

Quand je reste seule
Je tends mes doigts vers ta réalité
Qui est la mienne

T’avoir pour maître
Oh ! Cette chance, ce miracle
Ce don de toi à mes côtés

Attendre
Pour te réinventer
La venue inouïe de ton visage
Connaître ton visage
Connaître ton baiser
Connaître ton amour
En mourir, en mourir.

Claude de Burine

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