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Green

15 Avril 2010, 07:47am

Publié par vertuchou

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête.
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.


Paul Verlaine

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Aurons-nous le temps

14 Avril 2010, 10:03am

Publié par vertuchou

Aurons-nous le temps d’aller très loin

de traverser les carrefours, les mers, les nuages

d’habiter ce monde qui va parmi nos pas

d’un infini secret à l’autre, pourrons-nous écouter

le remuement des corps à travers le sable ;

aurons-nous le temps

de tout nous dire et d’arrêter d’être effrayés

par nos tendresses, nos chutes communes ;

 

pourrons-nous tout écrire

d’un passage de vent sur nos visages

Ces murmures de l’univers, ces éclats d’immensité ;

aurons-nous le temps de trouver

un mètre carré de terre et d’y vivre

ce qui nous échappe

 

je ne sais pas encore

 

Hélène Dorion

 

A découvrir sur

http://www.maulpoix.net/Dorion.html

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J'écris des poèmes

13 Avril 2010, 08:49am

Publié par vertuchou

Le poème, tel que je l'entends,

transformation d'une forme de vie par une forme de langage

et d'une forme de langage par une forme de vie,

partage avec la réflexion le même inconnu, le même risque

et le même plaisir, le même pied de nez

aux idées reçues du contemporain.

Puisqu'on n'écrit ni pour plaire ni pour déplaire, mais pour vivre et transformer la vie.

 

 Henri Meschonnic

 

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The return of the Sire of Nesle

12 Avril 2010, 08:41am

Publié par vertuchou

        My towers at last ! These rovings end,
   Their thirst is slaked in larger dearth :
   The yearning infinite recoils,
     For terrible is earth.

   Kaf thrusts his snouted crags through fog :
   Araxes swells beyond his span,
   And knowledge poured by pilgrimage
     Overftows the banks of man.

   But thou, my stay, thy lasting love
   One lonely good, let this but be !
   Weary to view the wide world’s swarm,
     But blest to fold but thee.


Mes tours, enfin ! Terme de mes errances
Dont la soif s’étanche en pénurie plus grande :
Infini, le désir se replie,
  Car terrible est la terre !

Kaf perce le brouillard du groin de ses à-pics :
L’Araxe s’enfle et s’outrepasse
Et les pèlerinages déversent un savoir
  Qui submerge les rives de l’homme.

Mais toi, mon soutien, ton amour pérenne
Unique et seul bien - que cela seulement soit !
Lassé de contempler l’essaim du vaste monde,
  Mais béni de n’avoir à étreindre que toi.


Herman Melville

 

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De mon mystérieux voyage

11 Avril 2010, 07:36am

Publié par vertuchou

De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu' une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses, 
Elles aiment à vivre aussi.

Mais pour toi, de mes yeux ardents, 
J'ai regardé dans l'air et l'onde, 
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d'apprendre à mieux te voir 
Dans toutes les ombres du soir.
cuyabeno

Afin d'apprendre à mieux t'entendre 
J'ai mis l'oreille à tous les sons,
Écouté toutes les chansons, 
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.

Afin d'apprendre comme on touche 
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j'ai posé
Sur l'eau qui brille, et la lumière, 
Ma main légère, et mon baiser.

Charles Van Lerberghe

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L'homme est libre, et le mal fait partie de la liberté humaine

10 Avril 2010, 09:12am

Publié par vertuchou

C'est à Buchenwald que j'ai compris

que si la liberté est consubtancielle à l'homme,

elle est liberté pour le bien comme pour le mal. (...)

Quand bien même la société qui l'entoure serait parfaite, 

l'homme reste capable du mal,

celui-ci pouvant s'exprimer de mille manières,

pas seulement dans des théories politiques

qui mènent à un système totalitaire

On ne refait pas l'homme.


Jorge Semprun

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Haiku en ouliporimes

9 Avril 2010, 08:49am

Publié par vertuchou

le silence sort de la bouche

la pierre dans le lichen

du poème dans la poche

 

Jacques Roubaud

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Si tu t'imagines

8 Avril 2010, 08:25am

Publié par vertuchou

Si tu t'imagines
si tu t'imagines
fillette fillette
si tu t'imagines
xa va xa va xa
va durer toujours
la saison des za
la saison des za
saison des amours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures

Si tu crois petite
si tu crois ah ah
que ton teint de rose
ta taille de guêpe
tes mignons biceps
tes ongles d'émail
ta cuisse de nymphe
et ton pied léger
si tu crois petite
xa va xa va xa va
va durer toujours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures


les beaux jours s'en vont
les beaux jours de fête
soleils et planètes
tournent tous en rond
mais toi ma petite
tu marches tout droit
vers sque tu vois pas
très sournois s'approchent
la ride véloce
la pesante graisse
le menton triplé
le muscle avachi
allons cueille cueille
les roses les roses
roses de la vie
et que leurs pétales
soient la mer étale
de tous les bonheurs
allons cueille cueille
si tu le fais pas
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures.


Raymond Queneau 

 

 

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Ailleurs

7 Avril 2010, 08:22am

Publié par vertuchou

Ailleurs est un mot aussi beau que demain


Paul Morand

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Le chaos

6 Avril 2010, 11:16am

Publié par vertuchou

(…)

Tout était sans beauté, sans règlement, sans flamme ;

Tout était sans façons, sans mouvement, sans âme.

Le feu n'était point feu, la mer n'était point mer ;

La terre n'était terre, et l'air n'était point air ;

Ou si déjà se pouvait trouver en un tel monde,

Le corps de l'air, du feu, de la terre et de l'onde,

L'air était sans clarté, la flamme sans ardeur,

 

Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur.


Bref, forge en ton esprit une terre qui, vaine,

Soit sans herbe, sans bois, sans mont, sans val, sans plaine

Un ciel non azuré, non clair, non transparent,

Non marqueté de feu, non voûté, non errant,

Et lors tu concevras quelle était cette terre,

Et quel le ciel encore où régnait tant de guerre,

Terre et ciel, que je puis chanter d'un style bas,

Non point tels qu'ils étaient, mais tels qu'ils n'étaient pas

 

Du Bartas

 

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