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Coups de cœur
Le chaos
(…)
Tout était sans beauté, sans règlement, sans flamme ;
Tout était sans façons, sans mouvement, sans âme.
Le feu n'était point feu, la mer n'était point mer ;
La terre n'était terre, et l'air n'était point air ;
Ou si déjà se pouvait trouver en un tel monde,
Le corps de l'air, du feu, de la terre et de l'onde,
L'air était sans clarté, la flamme sans ardeur,
Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur.
Bref, forge en ton esprit une terre qui, vaine,
Soit sans herbe, sans bois, sans mont, sans val, sans plaine
Un ciel non azuré, non clair, non transparent,
Non marqueté de feu, non voûté, non errant,
Et lors tu concevras quelle était cette terre,
Et quel le ciel encore où régnait tant de guerre,
Terre et ciel, que je puis chanter d'un style bas,
Non point tels qu'ils étaient, mais tels qu'ils n'étaient pas
Du Bartas
Ardiente sombra / Ombre ardente
Abierto
irremediablemente
al fruto descarnado
de tu ausencia,
atestado
de pieles nocturnas,
cargando moradas
de polvo y osamentas
heme aqui
viendo a la muerte
ocultar
et ruido profundo
de tu lampara.
(....)
Juan Ojeda
Ouvert
irrémédiablement
au fruit décharné
de ton absence,
encombré
de chairs nocturnes,
emportant des demeures
de poussière et d'ossements
me voici, voyant la mort
cacher
le bruit profond
de ta flamme.
(…)
Juan Ojeda
un oeuf
Le passé est un oeuf cassé, l'avenir est un oeuf couvé.
Paul Eluard
Kate Bush - Aerial
Chaleur estivale
Sybille Rembard
Poètes à venir
Poètes à venir ! orateurs, chanteurs, musiciens à venir !
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous ! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir ;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.
Walt Whitman
L'insecte
je veux faire un long voyage
Moi, plus petit qu’un insecte
Je vais parmi ces collines,
elles sont couleur d’avoine
avec des traces légères
que je suis seul à connaître,
des centimêtres roussis,
de blafardes perspectives.
Là se dresse une montagne.
Jamais je n’en sortirai.
Ô quelle mousse géante!
Et un cratère, une rose
de feu mouillé de rosée!
par tes jambes je descends
en filant en spirale
ou dormant dans le voyage
et j’arrive à tes genoux,
à leur ronde dureté
pareille aux âpres sommets
d’un continent de clarté.
Puis je glisse vers tes pieds
et vers les huits ouvertures
de tes doigts, fuseaux pointus,
tes doigts lents, péninsulaires,
et je tombe de leur haut
dans le vide du drap blanc
où je cherche,insecte aveugle
et affamé ton contour
de brûlante poterie !
Pablo Néruda
Primevère de printemps
Veillés par une primevère solitaire
nous nous sommes retrouvés à la lisière du monde.
Les pétales nous regardaient surpris
la terre encore blanche de neige
les rayons du soleil embrumés.
L’hiver est parti, tu l’as senti.
Nous avons osé le désir éphémère
ensemble
nous nous sommes laissés éblouir.
La chaleur de tes mains m’a caressée sans me toucher
pétale primitif
Ton regard m’a modelée
neige de printemps
Ton souffle a enluminé mon âme
rayon de certitudes
Tes mots ont su, pour un instant, orner notre futur
Eternellement embrumé.
Sybille Rembard
A Laure
Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée,
Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ?
Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ?
Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots et ces cris ?
Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses,
Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment
Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses
Comme un unique amant ;
Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes,
Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur,
Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes,
Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur :
Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie,
Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie
Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas,
Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?
Alfred de Musset