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Il faut être deux pour faire un poème

14 Octobre 2010, 06:12am

Publié par vertuchou

Celui qui parle est le père, celui qui écoute est la mère, le poème est leur enfant.

Le poème qui n'est pas écouté est une semence perdue.

Ou encore : celui qui parle est la mère, le poème est l'oeuf

et celui qui écoute est fécondateur de l'oeuf.

Le poème qui n'est pas écouté devient un oeuf pourri.


René Daumal

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Voyage dans la nuit

13 Octobre 2010, 05:03am

Publié par vertuchou

J'ai marché seul longtemps dans la nuit. 

Où est le phare qui tourne et donne loin ? 

Je suis plus aventurier que les arbres

 Qui vont à grands pas dans les savanes 

À petits pas dans les bois. 

J'ai quitté tôt la bordure du jour 

Et j'ai pris le soleil couchant 

Pour la première borne de ma route ;

 Je n'ai pas vu l'étoile qui guide 

Le berger de la nuit

 

 

chartreuserouge


J'ai plongé dans le temps pour retrouver 

Mes ailes perdues au fond des âges  ; 

En oiseau diurne amoureux de ténèbres, J'ai parcouru le terrain vague de la nuit. 

Je suis presque un vampire, Je ne demande plus que les antennes.

La vie est parfois plus obscure que le fond

de ma gorge,

Et je vais par tous monts et vaux de la nuit.

Voici que le soleil dresse mille doigts

contre la terre.

Je suis ravi de mon voyage nocturne ;

Mon corps et mes peines sont restés sur le bois

de mon lit.

 

Jean-Baptiste Tati-Loutard

 

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Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

12 Octobre 2010, 05:08am

Publié par vertuchou

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Que le ciel azuré ne vire au mauve

Penser ou passer à autre chose

Vaudrait mieux

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Se dire qu'il y a over the rainbow

Toujours plus haut le ciel above

Radieux

 

croire aux cieux croire aux dieux

Même quand tout nous semble odieux

Que notre coeur est mis à sang et à feu

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Comme une petite souris dans un coin d'alcôve

Apercevoir le bout de sa queue rose

Ses yeux fiévreux

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Se dire qu'il y a over the rainbow

Toujours plus haut le soleil above

Radieux

 

Croire aux cieux croire aux dieux

Même quand tout nous semble odieux

Que notre coeur est mis à sang et à feu

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Avoir parfois envie de crier sauve

Qui peut savoir jusqu'au fond des choses

Est malheureux

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Se dire qu'il y a over the rainbow

Toujours plus haut le ciel above

Radieux

 

Croire aux cieux croire aux dieux

Même quand tout nous semble odieux

Que notre coeur est mis à sang et à feu

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Dis-moi que tu m'aimes encore si tu l'oses

J'aimerais que tu trouves autre chose

De mieux

 

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve

Se dire qu'il y a over the rainbow

Toujours plus haut le ciel above

Radieux

 

Paroles et musique : Serge Gainsbourg

 

 

 


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Sonnet

11 Octobre 2010, 06:05am

Publié par vertuchou

Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure,
J'ai grands ennuis entremélés de joie.

Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure,
Mon bien s'en va, et à jamais il dure,
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

 

Ainsi Amour inconstamment me mène
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé

 

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Cinq mots

10 Octobre 2010, 07:40am

Publié par vertuchou

regard
    trouble
attirance
    fulgurance

                  déshérence

 

 

 

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Si mis manos pudieran deshojar / Si mes mains pouvaient effeuiller

9 Octobre 2010, 06:49am

Publié par vertuchou

Yo pronuncio tu nombre
en las noches oscuras
cuando vienen los astros
a beber en la luna
y duermen los ramajes
de las frondas ocultas.
y yo me siento hueco
de pasión y de música.
loco reloj que canta
muertas horas antiguas.


Je prononce ton nom
Au coeur des nuits obscures,
Lorsque viennent les astres
Boire l'eau de la lune
Et que dorment les feuilles
Des secrètes ramures

Je me sens tout sonore
De passion, de musique,
Folle horloge qui chante
Les heures de jadis.

 

Full-Moon

 

Yo pronuncio tu nombre
en esta noche oscura,
y tu nombre me suena
más lejano que nunca.
más lejano que todas las estrellas
y más doliente que la mansa lluvia.

 

Je prononce ton nom
En cette nuit obscure
Et je l'entends sonner
Plus lointain que jamais,
Plus lointain que toutes les étoiles,
Et plus plaintif que la douce pluie.

 

  ¿Te querré como entonces
alguna vez? ¿Qué culpa
tiene mi corazón?
si la niebla se esfuma,
¿Qué otra pasión me espera?
¿Será tranquila y pura?
¡¡Si mis dedos pudieran
deshojar la luna!!

Pourrais-je un jour t'aimer
Comme je fis naguère ?
Mon coeur, où est la faute ?
Si le brouillard s'éclaire,
Aurai-je une nouvelle
Passion, tranquille et pure ?
Ah, si mes doigts pouvaient
Vous effeuiller, ô lune !

Federico García Lorca

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Mieux que l'amour

8 Octobre 2010, 05:43am

Publié par vertuchou

Qu’est-ce (...) qui, mieux que l’amour, est affaire d’élection et de lien,

sinon la poésie qui, comme lui, « risque tout sur des signes ».

Tout autant qu’une affaire élective de mots isolés et choisis,

extraits de la langue commune et en quelque manière rendus irremplaçables,

la langue est dans le poème une affaire de tropes, d’images, de métaphores,

c’est-à-dire un vaste système de transferts, de transports et  de correspondances :

tissages, tissu, réseau de signes.

 

Jean-Michel Maulpoix

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Ton regard. Ta voix

7 Octobre 2010, 06:31am

Publié par vertuchou

tu parais


ton regard s’empare du mien

m’enveloppe de silence de tendresse


ta voix garde l’empreinte

de ce qui t’a meurtrie

et pourquoi naguère n’ai-je pas été là

pour empêcher que survienne

l’épreuve qui t’a laissé cette fêlure


tu parais


mes cinq sens se mettent à l’affût

se tendent avidement vers ta bouche

tes seins tes flancs

vers tes mains prometteuses


c’est toi qui donnes sens et saveur

à ma vie

et pourtant tu es ma blessure

c’est toi qui me fais grandir

 

Charles Juliet 


 

 

 

 

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Der bräutigam / Le fiancé

6 Octobre 2010, 06:04am

Publié par vertuchou

Um Mitternacht, ich schlief, im Busen wachte
Das liebevolle Herz, als wär es Tag;
Der Tag erschien, mir war, als ob es nachte -
Was ist es mir, so viel er bringen mag?

 

Minuit, je dormais, au fond de moi veillait

Le cœur plein d’amour, comme si c’était le jour ;

Parut le jour, c’était la nuit pour moi,

Que m’est le jour, tant qu’il puisse apporter.

 

Sie fehlte ja! mein emsig Tun und Streben
Für sie allein ertrug ichs durch die Glut
Der heißen Stunde; welch erquicktes Leben
Am kühlen Abend! lohnend wars und gut.

 

Elle n’était pas là ; mon labeur incessant

Pour elle seule je le soutins parmi l’ardeur

De l’heure brûlante, quelle vie renouvelée

Dans la froideur du soir ! Ce fut fécond, et bon.


Die Sonne sank, und Hand in Hand verpflichtet
Begrüßten wir den letzten Segensblick,
Und Auge sprach, ins Auge klar gerichtet:
Von Osten, hoffe nur, sie kommt zurück.

Le soleil se coucha ; main dans la main l’un à l’autre engagés,

Nous saluâmes son dernier regard, bénédiction dernière,

Et les yeux dirent, clairement dirigés dans les yeux :

De l’orient, espère, espère, il reviendra.

 

Um Mitternacht, der Sterne Glanz geleitet
Im holden Traum zur Schwelle, wo sie ruht.
O sei auch mir dort auszuruhn bereitet!
Wie es auch sei, das Leben, es ist gut.

 

Minuit ! L’éclat des étoiles conduit

En un doux rêve au seuil où elle repose.

O qu’il me soit donné de reposer moi aussi en ce lieu.

Quelle que soit la vie, vivre est bon.


Goethe


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Cette lune sur l'eau

5 Octobre 2010, 06:02am

Publié par vertuchou

Cette lune sur l'eau
Est-ce toi
Cette lune dans l'eau
Est-ce toi
Est-ce toi reflet et éclat
A toi-même inédits

 

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En ton unique mémoire
Tu regardes
Et tu t'éloignes
Tu souris
Et tu t'éloignes
A jamais proche inaccessible
Dans l'au-delà d'ici
Dans l'au-delà de toi.

François Cheng

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