Il y a longtemps
Te souviens-tu comme les instants fuyaient,
en ce temps là si vite enfui ?
Te souviens-tu comme brûlaient nos cœurs
en un charme béni l'un pour l'autre ?
Je ne compte pas les instants de regret,
un Dieu les a comptés seulement,
mais le cœur murmure là, en moi :
«Il y a longtemps, il y a longtemps !»
Et vint un autre temps : ton sentiment
refroidit ; pourquoi, je ne le sais.
mon extase pâlit en souvenirs,
cependant j'avais toujours une amie.
Je pus toujours presser ta main,
toujours pleurer près de ton cœur ;
c'était consolation, bonheur,
mais il y a longtemps, si longtemps !
Tout, tout pour moi a-t-il disparu,
non seulement l'aimée, mais l'amie ?
Souffle sur la braise, qui brûla,
et dis-moi : un peu en est encor vivant !
Reviens telle qu’aux jours enfuis,
alors le soleil brillait de nos joies,
et embrasse-moi, pendant que je me plains :
« Il y a longtemps, il y a longtemps ! »
Esaias Tegnér