Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

L'eau à la bouche

24 Janvier 2015, 04:19am

Publié par vertuchou

Écoute ma voix écoute ma prière

Écoute mon cœur qui bat laisse-toi faire

Je t'en prie ne sois pas farouche

Quand me vient l'eau à la bouche

Je te veux confiante je te sens captive

Je te veux docile je te sens craintive

Je t'en prie ne sois pas farouche

Quand me vient l'eau à la bouche

Laisse toi au gré du courant

Porter dans le lit du torrent

Et dans le mien

Si tu veux bien

Quittons la rive

Partons à la dérive

Je te prendrai doucement et sans contrainte

De quoi as-tu peur allons n'aie nulle crainte

Je t'en prie ne sois pas farouche

Quand me vient l'eau à la bouche

Cette nuit près de moi tu viendras t'étendre

Oui je serai calme je saurai t'attendre

Et pour que tu ne t'effarouches

Vois je ne prend que ta bouche

Serge Gainsbourg

Voir les commentaires

Et si la poésie...

23 Janvier 2015, 04:18am

Publié par vertuchou

Et si la poésie n’était
Qu’une buanderie secrète
Aménagée dans un écart de langage
Où des mains rouges et veineuses
Rendraient à la parole
Son odeur de soleil
Sa roideur paysanne
Son monogramme millénaire ?

Jean Rousselot

Voir les commentaires

Composition IV

22 Janvier 2015, 04:10am

Publié par vertuchou

Vassily Kandinsky, Composition IV, huile sur toile, 1911, 159.5 x 250.5 cm

Vassily Kandinsky, Composition IV, huile sur toile, 1911, 159.5 x 250.5 cm

Voir les commentaires

Le flacon

21 Janvier 2015, 04:06am

Publié par vertuchou


Il est de forts parfums pour qui toute matière
Est poreuse. On dirait qu’ils pénètrent le verre.
En ouvrant un coffret venu de l’Orient
Dont la serrure grince et rechigne en criant,

Ou dans une maison déserte quelque armoire
Pleine de l’âcre odeur des temps, poudreuse et noire,
Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
D’où jaillit toute vive une âme qui revient.

Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres,
Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,
Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,
Teintés d’azur, glacés de rose, lamés d’or.

Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l’air troublé ; les yeux se ferment ; le Vertige
Saisit l’âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains ;

Il la terrasse au bord d’un gouffre séculaire,
Où, Lazare odorant déchirant son suaire,
Se meut dans son réveil le cadavre spectral
D’un vieil amour ranci, charmant et sépulcral.

Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire
Des hommes, dans le coin d’une sinistre armoire
Quand on m’aura jeté, vieux flacon désolé,
Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé,

Je serai ton cercueil, aimable pestilence !
Le témoin de ta force et de ta virulence,
Cher poison préparé par les anges ! Liqueur
Qui me ronge, ô la vie et la mort de mon cœur !

Charles Baudelaire

Voir les commentaires

Je te rencontre...

20 Janvier 2015, 04:01am

Publié par vertuchou

Cette ville était faite à la taille de l’amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même.

Qui es-tu ? Tu me tues.

J’avais faim. Faim d’infidélités, d’adultères, de mensonges et de mourir.

Depuis toujours. Je me doutais bien qu’un jour tu me tomberais dessus.

Je t’attendais dans une impatience sans borne, calme.

Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu’aucun autre,

après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.

Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir.

Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus.

Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien.


Marguerite Duras, Hiroshima mon amour

Voir les commentaires

Attends-moi

19 Janvier 2015, 04:15am

Publié par vertuchou

Si tu m'attends, je reviendrai,
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n' attend plus les autres.
Attends quand des pays lointains
Il ne viendra plus de courrier,
Attends, lorsque seront lassés
Ceux qui avec toi attendaient.
Si tu m'attends, je reviendrai.
Ne leur pardonne pas, à ceux
Qui vont trouver les mots pour dire
Qu'est venu le temps de l'oubli.
Et s'ils croient, mon fils et ma mère,
S'ils croient, que je ne suis plus,
Si les amis las de m'attendre
Viennent s'asseoir auprès du feu,
Et s'ils portent un toast funèbre
A la mémoire de mon âme...
Attends. Attends et avec eux
refuse de lever ton verre.
Si tu m'attends, je reviendrai
En dépit de toutes les morts.
Et qui ne m'a pas attendu
Peut bien dire : "C'est de la veine".
Ceux qui ne m'ont pas attendu
D'où le comprendraient-ils, comment
En plein milieu du feu,
Ton attente
M'a sauvé.
Comment j'ai survécu, seuls toi et moi
Nous le saurons,
C'est bien simple, tu auras su m'attendre, comme personne

Constantin Simonov

Voir les commentaires

Figures dans le château

18 Janvier 2015, 04:02am

Publié par vertuchou

Manuel Alvarez Bravo, Figures dans le château, 1920

Manuel Alvarez Bravo, Figures dans le château, 1920

Voir les commentaires

Dans la maison où notre amour a voulu naître

17 Janvier 2015, 04:58am

Publié par vertuchou

Dans la maison où notre amour a voulu naître,
Avec les meubles chers peuplant l'ombre et les coins,
Où nous vivons à deux, ayant pour seuls témoins
Les roses qui nous regardent par les fenêtres.

Il est des jours choisis, d'un si doux réconfort,
Et des heures d'été, si belles de silence,
Que j'arrête parfois le temps qui se balance,
Dans l'horloge de chêne, avec son disque d'or.

Alors l'heure, le jour, la nuit est si bien nôtre
Que le bonheur qui nous frôle n'entend plus rien,
Sinon les battements de ton cœur et du mien
Qu'une étreinte soudaine approche l'un de l'autre.

Émile Verhaeren

Voir les commentaires

La sensibilité n’est pas femme

16 Janvier 2015, 04:57am

Publié par vertuchou

La sensibilité n’est pas femme, elle est humaine.

Quand on la trouve chez un homme elle devient poésie.

Alda Merini

Voir les commentaires

C’était le début de l’hiver / It was beginning winter,

15 Janvier 2015, 05:29am

Publié par vertuchou

C’était le début de l’hiver,
Une période d’entre-deux,
Un paysage encore à moitié marron :
Les os des grandes herbes oscillaient dans le vent
Au-dessus de la neige bleue.

C’était le début de l’hiver.
La lumière bougeait lentement sur les champs gelés,
Sur les couronnes de graines sèches,
Les beaux os rescapés
Qui oscillaient dans le vent.

La lumière voyageait à travers champs ;
Demeura.
Les grandes herbes arrêtèrent d’osciller.
L’esprit bougea, pas tout seul,
À travers l’air clair, dans le silence.

Était-ce la lumière ?
Était-ce la lumière à l’intérieur ?

Theodore Roethke

It was beginning winter,
An in-between time,
The landscape still partly brown:
The bones of weeds kept swinging in the wind,
Above the blue snow.


It was beginning winter,
The light moved slowly over the frozen field,
Over the dry seed-crowns,
The beautiful surviving bones
Swinging in the wind.


Light traveled over the wide field;
Stayed.
The weeds stopped swinging.
The mind moved, not alone,
Through the clear air, in the silence.


Was it light?
Was it light within?

Voir les commentaires