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J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure

17 Novembre 2014, 04:12am

Publié par vertuchou

J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure
Que comme lorsqu'on a trop fixé le soleil,
On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
Sur tout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes,
Mon regard ébloui pose des taches blondes !

Edmond Rostand

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Poème à l’envers

16 Novembre 2014, 04:18am

Publié par vertuchou

À l’ombre, sous les platanes roux,
À Londres, tristement assis sur un banc
J’écourte ces discours douloureux,
J’écoute chaque jour mon cœur las et triste.

« Je pars, c’est fini. Je t’aime. »
Je parvins à saisir ces mots murmurés :
Assis près de toi, l’âme déchirée,
À six heures, l’heure ultime.

Fragments d’un être brisé,
Fragiles phrases aux rimes égarées,
Souvenirs volatiles sans destination,
Soupirs inexprimables d’une passion.

Las, malgré l’automne qui flamboie
Là, un homme, seul, dans un précoce hiver.
Il était une fois
Un poème à l’envers…

William Taurus

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Thelonius Monk with John Coltrane : Ruby, My Dear

15 Novembre 2014, 04:16am

Publié par vertuchou

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Le mot et la chose

14 Novembre 2014, 04:13am

Publié par vertuchou

Madame quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose

Ainsi de la chose et du mot
Vous pouvez dire quelque chose
Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose

Pour moi voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose
J'avouerai que j'aime le mot
J'avouerai que j'aime la chose

Mais c'est la chose avec le mot
Mais c'est le mot avec la chose
Autrement la chose et le mot
A mes yeux seraient peu de chose

Je crois même en faveur du mot
Pouvoir ajouter quelque chose
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose

C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne fait plus la chose
Et pour peu que vaille le mot
Mon Dieu c'est toujours quelque chose

De là je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose
Qu'il ne fait ajouter au mot
Qu'autant que l'on peut quelque chose

Que pour vous la chose et le mot
Doivent être la même chose
Et vous n'avez pas dit le mot
Qu'on est déjà prêt à la chose

Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose
Pour vous je crois qu'avec le mot

Vous voyez toujours autre chose
Vous dites si gaiement le mot
Vous méritez si bien la chose
Mais quand je vous dis que le mot
Doit être mis avant la chose
Vous devez me croire à ce mot
Bien peu connaisseur en la chose

Et bien voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose
Madame passez-moi le mot
Et je vous passerai la chose

Abbé de l'Attaignant (1697-1779)

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La poésie se fait dans un lit

13 Novembre 2014, 04:12am

Publié par vertuchou

La poésie se fait dans un lit comme l’amour.

Ses draps défaits sont l’aurore des choses.

— André Breton

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Après l’Homme

12 Novembre 2014, 04:02am

Publié par vertuchou

Après l’Homme, après l’Homme,
Qui dira aux fleurs comment elles se nomment ?
Après l’Homme, après l’Homme,
quand aura passé l’heure de vie du dernier Homme.

Qui dira aux fleurs
combien elles sont belles ?
N’y aura de cœur
à battre pour elles.

Après l’Homme, après l’Homme,
que sera encore le mot “merveilleux” ?
Après l’Homme, après l’Homme,
quand le dernier des hommes aura vidé les lieux.

Qui dira de la Terre
Qu’elle est sans pareille
et que dans l’Univers
elle est fleur de Soleil ?

Après l’Homme, après l’Homme…

Viens-t’en donc pour lors,
viens-t’en donc l’ami,
et chantons encore
le jour d’aujourd’hui.

Esther Granek

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Dead Germans in a Trench

11 Novembre 2014, 04:19am

Publié par vertuchou

William Orpen, Dead Germans in a Trench (Allemands morts dans une tranchée), 1918, huile sur toile, 91,4 x 76,2 cm

William Orpen, Dead Germans in a Trench (Allemands morts dans une tranchée), 1918, huile sur toile, 91,4 x 76,2 cm

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Fragment

10 Novembre 2014, 04:02am

Publié par vertuchou

Quand je t'aimais, pour toi j'aurais donné ma vie,
Mais c'est toi, de t'aimer, toi qui m'ôtas l'envie.
A tes pièges d'un jour on ne me prendra plus ;
Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus.
Ainsi, lorsqu'à l'enfant la vieille salle obscure
Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ;
Il s'enferme, il revient tout palpitant d'effroi
Dans sa chambre bien chaude et dans son lit bien froid.
Et puis, lorsqu'au matin le jour vient à paraître,
Il trouve son fantôme aux plis de sa fenêtre,
Voit son arme inutile, il rit et, triomphant,
S'écrie : "Oh ! que j'ai peur ! oh ! que je suis enfant !"

Alfred de Musset

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That's All

9 Novembre 2014, 04:51am

Publié par vertuchou

I can only give you love that lasts forever
And a promise to be near each time you call
And the only heart I own for you and you alone

That's all
That's all

I can only give you country walks in springtime
And a hand to hold when leaves begin to fall
And a love whose burning light will warm the winter night

That's all
That's all

There are those, I am sure, who have told you
They would give you the world for a toy
All I have are these arms to enfold you
And a love time can never destroy

If you're wondering what I'm asking in return, dear
You'll be glad to know that my demands are small
Say it's me that you'll adore for now and ever more

That's all
That's all

If you're wondering what I'm asking in return, dear
You'll be glad to know that my demands are small
Say it's me that you'll adore for now and ever more

That's all
That's all

paroles : Alan Brandt, musique : Bob Haymes
1953

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La mort, la vie, l'amour

8 Novembre 2014, 04:57am

Publié par vertuchou

J'ai cru pouvoir briser la profondeur de l'immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir
Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m'a semblé plus vive que le sang


Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu'il n'y ait rien ni vitre ni buée
Ni rien devant ni rien derrière rien entier
J'avais éliminé le glaçon des mains jointes
J'avais éliminé l'hivernale ossature
Du vœu qui s'annule

Tu es venue le feu s'est alors ranimé
L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoilé
Et la terre s'est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J'avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J'avançais je gagnais de l'espace et du temps

J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l'aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.

Les champs sont labourés les usines rayonnent
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien n'est simple ni singulier
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent.

Les hommes sont faits pour s'entendre
Pour se comprendre pour s'aimer
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes
Et la nature et leur patrie
Celle de tous les hommes
Celle de tous les temps.

Paul Eluard

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