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L'étendue vibre

27 Février 2016, 03:45am

Publié par vertuchou

Au fond des criques intimes

Où les ressacs rongent nos fibres et nos tissus

Nous oublions

tapis dans nos chagrins
Qu'au loin qu'autour
L'étendue vibre

Comment y pénétrer ?
Comment surgir de ces ravages ?
Extirper l'âme de ses dégâts?

Comment restituer beauté à la beauté ?

Comment soutenir

même d'un cœur en fracture
Le jeu précaire et prodigue
De cette vie
Aux aguets ?

Andrée Chedid

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Que puis-je faire avec mon bonheur ?

26 Février 2016, 03:42am

Publié par vertuchou

“Que puis-je faire avec mon bonheur ?
Comment puis-je le garder, le cacher, l'ensevelir dans un lieu où jamais je ne le perdrais ?
J'ai envie de m'agenouiller, tandis qu'il tombe sur moi
comme de la pluie, de l'envelopper dans de la soie
et de la dentelle, et de le presser une nouvelle fois
contre mon cœur.”

Anaïs Nin : Henry et June, Cahiers secrets

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Je ne pleurerai pas de te voir me quitter

25 Février 2016, 03:37am

Publié par vertuchou

Je ne pleurerai pas de te voir me quitter
Il n'est rien d'aimable ici-bas,
Et doublement m'affligera ce sombre monde
Tant que ton cœur y pâtira.

Je ne pleurerai pas : la splendeur de l'été
Nécessairement s'enténèbre :
L'histoire la plus heureuse, quand on la suit,
Se termine avec le tombeau !

Et je suis excédée de l'angoisse qu'apporte
Le long cortège des hivers,
Outrée de voir l'esprit languir au long des ans
Dans le plus morne désespoir.

Si donc un pleur m'échappe à l'heure de ta mort,
Sache-le, il ne marquera
Qu'un soupir de mon âme impatiente de fuir
Et d'être en repos avec toi.

Emily Jane Brontë

4 mai 1840
Il n'est rien d'aimable ici-bas,
Et doublement m'affligera ce sombre monde
Tant que ton cœur y pâtira.

Je ne pleurerai pas : la splendeur de l'été
Nécessairement s'enténèbre :
L'histoire la plus heureuse, quand on la suit,
Se termine avec le tombeau !

Et je suis excédée de l'angoisse qu'apporte
Le long cortège des hivers,
Outrée de voir l'esprit languir au long des ans
Dans le plus morne désespoir.

Si donc un pleur m'échappe à l'heure de ta mort,
Sache-le, il ne marquera
Qu'un soupir de mon âme impatiente de fuir
Et d'être en repos avec toi.

4 mai 1840

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Toccata Settima

24 Février 2016, 03:35am

Publié par vertuchou

La Septième Toccata de Michelangelo Rossi jouée par Kirk M. Rich

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Sonnet I

23 Février 2016, 03:13am

Publié par vertuchou

Regarde ton miroir, et dis à ce visage
Que les temps sont venus d’en former un nouveau ;
Car si tu refusais d’en faire un aussi beau,
Tu décevrais le monde et quelque vierge sage :

Quelle belle, en effet, pour un moins doux fardeau,
Dédaignerait ici ton marital usage,
Et, de son propre bien préférant le tombeau,
Quel sot consentirait à briser son lignage ?

Tu sembles le miroir de ta mère ; elle, en toi,
Rappelle la fraîcheur de l’avril de sa vie :
Par la vitre de l’âge, en un pareil émoi,

Vieillard, tu reverras ta jeunesse fleurie.
Mais qui veut vivre seul, pour que chacun l’oublie,
Mourra seul, emportant son image avec soi.

William Shakespeare

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La poésie doit être le miroir

22 Février 2016, 04:07am

Publié par vertuchou

La poésie doit être le miroir terrestre de la Divinité, et réfléchir,

par les couleurs, les sons et les rythmes,

toutes les beautés de l'univers


Madame de Staêl, De l'Allemagne

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Je ferme les paupières

21 Février 2016, 04:06am

Publié par vertuchou

Je ferme les paupières
sous la nuit paisible
et j’entends gazouiller des myriades d’astres
là où tes doigts se sont attardés
sur ma chair.

Je suis
le ciel étoilé
des moissons.

Ton amour m’a fait
si profond et beau
si grand
que tu n’as plus la force
de m’étreindre.

Ma bien-aimée
viens que nous partagions
les présents que tu m’as apportés.

Tiens! La forêt ploie
du poids de ses fleurs et de ses feuilles.

Yannis Ritsos

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Ain't Got No, I Got Life

20 Février 2016, 03:49am

Publié par vertuchou

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Puisqu'il le faut...

19 Février 2016, 04:08am

Publié par vertuchou

Dans le lit plein ton corps se simplifie
Sexe liquide univers de liqueur
Liant des flots qui sont autant de corps
Entiers complets de la nuque aux talons
Grappe sans peau grappe-mère en travail
Grappe servile et luisante de sang
Entre les seins les cuisses et les fesses
Régentant l'ombre et creusant la chaleur
Lèvre étendue à l'horizon du lit
Sans une éponge pour happer la nuit
Et sans sommeil pour imiter la mort.
Frapper la femme monstre de sagesse
Captiver l'homme à force de patience
Doucer la femme pour éteindre l'homme
Tout contrefaire afin de tout réduire
Autant rêver d'être seul et aveugle.
Je n'ai de cœur qu'en mon front douloureux.
L'après-midi nous attendions l'orage
Il éclatait lorsque la nuit tombait
Et les abeilles saccageaient la ruche
Puis de nos mains tremblantes maladroites
Nous allumions par habitude un feu
La nuit tournait autour de sa prunelle
Et nous disions je t'aime pour y voir.
Le temps comblé la langue au tiers parfum
Se retenait au bord de chaque bouche
Comme un mourant au bord de son salut
Jouer jouir n'était plus enlacés
Du sol montait un corps bien terre à terre
L'ordre gagnait et le désir pesait
Branche maîtresse n'aimait plus le vent
Par la faute d'un corps sourd
Par la faute d'un corps mort
D'un corps injuste et dément.

Paul Éluard

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la caresse

18 Février 2016, 03:03am

Publié par vertuchou

La caresse est un mode d'être du sujet, où le sujet dans le contact d'un autre
va au delà de ce contact. Le contact en tant que sensation fait partie
du monde de la lumière.

Mais ce qui est caressé n'est pas touchè à proprement parler.
Ce n'est pas le velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact
que cherche la caresse.

Cette recherche de la caresse en constitue l'essence par le fait
que la caresse ne sait pas ce qu'elle cherche. Ce « ne pas savoir ››,
ce désordonné fondamental en est l'essentiel.

Elle est comme un jeu avec quelque chose qui se dérobe,
et un jeu absolument sans projet ni plan,
non pas avec ce qui peut devenir nôtre et nous,
mais avec quelque chose d'autre, toujours autre, toujours inaccessible,
toujours à venir.

La caresse est l'attente de cet avenir pur, sans contenu.
Elle est faite de cet accroissement de faim, de promesses toujours plus riches,
ouvrant des perspectives nouvelles sur l'insaisissable.
Elle s'alimente de faims innombrables.

— Emmanuel Levinas, Le temps et l’autre

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