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Coups de cœur
Il est d’étranges soirs...
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d’un soupir
Le cœur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l’âme a des gaietés d’eaux vives dans les roches,
Où le cœur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l’esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.
Il est de mornes jours, où las de se connaître,
Le cœur, vieux de mille ans, s’assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint
Où s’agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Où l’âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l’infini terrible suspendue,
Sent le vent de l’abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l’ombre comme un mort.
Albert Samain
La seule signature
La seule signature au bas de la vie blanche,
c'est la poésie qui la dessine.
René Char
A galopar / Au grand galop
Las tierras, las tierras, las tierras de España,
las grandes, las solas, desiertas llanuras.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
que la tierra es tuya.
¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !
A corazón suenan, resuenan, resuenan
las tierras de España, en las herraduras.
Galopa, jinete del pueblo,
caballo cuatralbo,
caballo de espuma.
¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !
Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;
que es nadie la muerte si va en tu montura.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
que la tierra es tuya.
¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !
Rafael Alberti
Les terres, les terres, les terres d’Espagne
Les grandes, immenses, désertes étendues
Galope cheval balzan
Cavalier du peuple
Sous le soleil et la lune
Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer
Tel un cœur qui cogne, sonnent et résonnent
Les terres d’Espagne sous tes quatre fers
Galope cavalier du peuple
O cheval balzan
O cheval d’écume
Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer
Personne, personne, en face personne
La mort n’est personne chevauchant avec toi
Galope, cheval balzan
Cavalier du peuple
Car la terre est tienne
Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer
Traduction : Dominique Fernandez
Ah! Mio cor ! Schernito sei / Ah, mon cœur ! On t’a trompé !
"Ah! mio cor ! schernito sei ! " (Haendel: Alcina / II, 8, air n°23) par Patricia Petibon, Venice Baroque Orchestra dirigé par Andrea Marcon ()
Chanson de Fortunio
Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.
Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,
Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.
Je fais ce que sa fantaisie
Veut m'ordonner,
Et je puis, s'il lui faut ma vie,
La lui donner.
Du mal qu'une amour ignorée
Nous fait souffrir,
J'en porte l'âme déchirée
Jusqu'à mourir.
Mais j'aime trop pour que je die
Qui j'ose aimer,
Et je veux mourir pour ma mie
Sans la nommer.
Alfred de Musset
Qu’est-ce que la poésie ?
“Qu’est-ce que la poésie ?
Une pensée dans une image.”
Johann Wolfgang von Goethe
Lilas
La pluie larmoyante caresse ton parfum
aime le déséquilibre éphémère
des gouttelettes assoiffées de sève
À chaque pétale elle découvre ta beauté
symphonie d’unités réfractées
Les fleurs minuscules bleutées par la lumière
avancent comme un cortège
joyeux
dansent comme une valse
d’amour
Forsythias et pivoines couronnent cet instant
courtisent l’allégorie
Sous le sublime chapiteau de la nature
un voile parfumé fleurit notre chimère
Sybille Rembard
ARMCO Steel Plant
A une femme
A vous ces vers de par la grâce consolante
De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
De par votre âme pure et toute bonne, à vous
Ces vers du fond de ma détresse violente.
C’est qu’hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
N’a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
Se multipliant comme un cortège de loups
Et se pendant après mon sort qu’il ensanglante !
Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien
Que le gémissement premier du premier homme
Chassé d’Eden n’est qu’une églogue au prix du mien !
Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme
Des hirondelles sur un ciel d’après-midi,
– Chère, – par un beau jour de septembre attiédi.
Paul Verlaine