Partita pour clavier n° 2 en ut mineur, BWV 826
Jean-Sébastien Bach, Partita pour clavier n° 2 en ut mineur, BWV 826
Coups de cœur
Jean-Sébastien Bach, Partita pour clavier n° 2 en ut mineur, BWV 826
Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l’honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près du Roy, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,
Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,
Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,
Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillans, vanteront leur valeur,
Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flatter, feront d’un diable un ange,
Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.
Joachim du Bellay
Chloé, vos lèvres sont douces. Vous avez un teint de fruit.
Vos yeux voient comme il faut voir et votre corps me fait chaud... I
l me faudra des mois, des mois, pour que je me rassasie des baisers à vous donner.
Il faudra des ans de mois pour épuiser les baisers que je veux poser sur vous,
sur vos mains, sur vos cheveux, sur votre cou...
Chloé, je voudrais sentir vos seins nus sur ma poitrine, mes deux mains croisées sur vous,
vos bras autour de mon cou, votre tête parfumée dans le creux de mon épaule,
et votre peau palpitante, et l'odeur qui vient de vous.
Boris Vian, L'écume des jours
Un oiseau s’envole,
II rejette les nues comme un voile inutile,
II n’a jamais craint la lumière,
Enfermé dans son vol
II n’a jamais eu d’ombre.
Coquilles des moissons brisées par le soleil.
Toutes les feuilles dans les bois disent oui,
Elles ne savent dire que oui,
Toute question, toute réponse
Et la rosée coule au fond de ce oui.
Un homme aux yeux légers décrit le ciel d’amour.
Il en rassemble les merveilles
Comme des feuilles dans un bois,
Comme des oiseaux dans leurs ailes
Et des hommes dans le sommeil.
Paul Eluard
David Hockney
The Road Across the Wolds
1997
huile sur toile
121-152 cm
Au pays parfumé que le soleil caresse,
J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés
Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d'orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites
Germer mille sonnets dans le cœur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
Charles Baudelaire
Rien, en Poésie, ne s'achève. Tout est en route, à jamais.
En d'autres temps, d'autres termes, d'autres élans, la Poésie, comme l'amour,
se réinvente par-delà toute prescription.
Ne sommes-nous pas, en premier lieu, des créatures éminemment poétiques ?
Venues on ne sait d'où, tendues vers quelle extrémité ?
Pétries par le mystère d'un insaisissable destin ?
Situées sur un parcours qui ne cesse de déboucher sur l'imaginaire ?
Animées d'une existence qui nous maintient — comme l'arbre — entre terre et ciel,
entre racines et créations, mémoires et fictions ?
La Poésie demeurera éternellement présente, à l'écoute de l'incommensurable Vie.
Andrée Chedid
Une vie mesurée
Une vie enterrée
Une vie dissolue
Une vie révolue
Une vie bien rangée
Une vie dérangée
Une vie retrouvée
Une vie vite gâchée
Une vie passionnée
Une vie explosée
Une vie qui viendra
Une vie qui restera ?
Une vie, rien qu’une vie
Une vie qui s’enfuit
Patrick Belloeil
Antonio Vivaldi, Concerto pour violon en sol mineur. Opus RV 323.
Sur mon front, mille fois solitaire,
Puisque je dois dormir loin de toi,
La lune déjà maligne en soi,
Ce soir jette un regard délétère.
Il dit ce regard — pût-il se taire !
Mais il ne prétend pas rester coi,
— Qu’il n’est pas sans toi de paix pour moi ;
Je le sais bien, pourquoi ce mystère,
Pourquoi ce regard, oui, lui, pourquoi ?
Qu’ont de commun la lune et la terre ?
Bah, reviens vite, assez de mystère !
Toi, c’est le soleil, luis clair sur moi !”
Paul Verlaine