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Souvenance / Remembrance

6 Juin 2016, 03:41am

Publié par vertuchou

Froid dans la terre - et un lourd amas de neige posé sur toi
Loin, loin emporté, froid dans la lugubre tombe !
Ai-je oublié, mon unique Amour, de t'aimer,
Toi de moi enfin désuni par la vague du Temps qui tout désunit ?

Ah ! Dans ma solitude, mes pensées ne volent-elles plus, flottant
Au-dessus des montagnes sur ces rivages nordiques,
Reposant leurs ailes là où bruyères et fougères feuillues
À jamais recouvrent ton noble cœur, à tout jamais ?

Froid dans la terre — et quinze décembres farouches
De ces brunes collines descendus, se sont dissous en printemps :
Fidèle en vérité est l'âme qui se souvient
Après de telles années d'étrangeté et de souffrance !

Doux Amour de jeunesse, pardonne si je t'oublie,
Tandis que m'emporte la marée de ce monde :
D'autres désirs m'assaillent, et bien d'autres espoirs
Espoirs qui t'assombrissent, mais si impuissants à te nuire !

Aucune lumière n'est plus venue illuminer mon firmament,
Pas de seconde aurore n'a plus brillé pour moi ;
Le bonheur de ma vie, tout entier de ta chère vie me fut offert
Ce bonheur de ma vie, tout entier c'est avec toi qu'il gît.

Mais quand eurent péri les jours du rêve doré,
Que même le Désespoir fut impuissant à détruire ;
Alors j'ai appris comment chérir l'existence,
Plus forte encore, et nourrie sans le secours de la joie.

Alors j'ai retenu les larmes de l'inutile passion -
J'ai sevré ma jeune âme du manque de ton âme ;
Sévère, j'ai refusé son ardent désir de vite s'engloutir
Dans cette tombe déjà plus que mienne.

Et à cet instant, encore, je n'ose l'abandonner à la langueur,
Je n'ose m'abandonner à l'exquise douleur du souvenir,
Moi qui autrefois m'abreuvais de cette angoisse divine,
Comment pourrais-je rechercher encore le néant de ce monde ?

Emily Brontë

Cold in the earth - and deep snow piled upon thee
Far, far removed, cold in the dreary grave!
Have I forgot, my only Love, to love thee,
Severed at last by Time's all-severing wave?

Now, when alone, do my thoughts no longer hover
Over the mountains, on that northern shore,
Resting their wings where heath and fern-leaves cover
Thy noble heart for ever, ever more?

Cold in the earth - and fifteen wild Decembers,
From those brown hills, have melted into spring:
Faithful indeed, is the spirit that remembers
After such years of change and suffering!

Sweet Love of youth, forgive, if I forget thee,
While the world's tide is bearing me along;
Other desires and other hopes beset me,
Hopes which obscure, but cannot do thee wrong!

No later light has lightened up my heaven,
No second morn has ever shone for me;
All my life's bliss from thy dear life was given,
All my life's bliss is in the grave with thee.

But, when the days of golden dreams had perished,
And even Despair was powerless to destroy;
Then did I learn how existence could be cherished,
Strengthened, and fed without the aid of joy.

Then did I check the tears of useless passion -
Weaned my young soul from yearning after thine;
Sternly denied its burning wish to hasten
Down to that tomb already more than mine.

And even yet, I dare not let it languish,
Dare not indulge in memory's rapturous pain;
Once drinking deep of that divinest anguish,
How could I seek the empty world again?

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Ceux qui se sont aimés pendant leur vie

5 Juin 2016, 03:36am

Publié par vertuchou

"Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l'un à côté de l'autre

ne sont peut-être pas aussi fous qu'on pense. Peut-être leurs cendres se pressent,

se mêlent et s'unissent. [...]

Ô ma Sophie, il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir,

de vous aimer, de vous chercher, de m'unir, de me confondre avec vous

lorsque nous ne serons plus.

S'il y avait dans nos principes une loi d'affinité, s'il nous était réservé

de composer un être commun; si je devais dans la suite des siècles refaire

un tout avec vous; si les molécules de votre amant dissous venaient à s'agiter,

à se mouvoir et à rechercher les vôtres éparses dans la nature !

Laissez-moi cette chimère. Elle m'est douce.

Elle m'assurerait l'éternité en vous et avec vous..."

Lettre de Diderot à Sophie Volland (15 octobre 1759)

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Nocturne

4 Juin 2016, 03:36am

Publié par vertuchou

Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent.
J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l'étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel de ciel qui rejoint l'horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.

D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer.
D'autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l'ont tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d'étrangers longera la rue grise.
Les voix,
D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu'il nous avait promis.

Léon-Paul Fargue

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Equatorial Sunset Clouds

3 Juin 2016, 03:52am

Publié par vertuchou

Frank Wilbert Stokes, Equatorial Sunset Clouds

Frank Wilbert Stokes, Equatorial Sunset Clouds

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Il est d’étranges soirs...

2 Juin 2016, 03:47am

Publié par vertuchou

Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d’un soupir
Le cœur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.

Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l’âme a des gaietés d’eaux vives dans les roches,
Où le cœur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l’esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.

Il est de mornes jours, où las de se connaître,
Le cœur, vieux de mille ans, s’assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint
Où s’agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.

Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Où l’âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l’infini terrible suspendue,
Sent le vent de l’abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l’ombre comme un mort.

Albert Samain

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La seule signature

1 Juin 2016, 03:44am

Publié par vertuchou


La seule signature au bas de la vie blanche,

c'est la poésie qui la dessine.

René Char

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A galopar / Au grand galop

31 Mai 2016, 03:38am

Publié par vertuchou

Las tierras, las tierras, las tierras de España,
las grandes, las solas, desiertas llanuras.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
que la tierra es tuya.

¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !

A corazón suenan, resuenan, resuenan

las tierras de España, en las herraduras.
Galopa, jinete del pueblo,
caballo cuatralbo,
caballo de espuma.

¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !

Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;
que es nadie la muerte si va en tu montura.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
que la tierra es tuya.

¡ A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar !

Rafael Alberti

link

Les terres, les terres, les terres d’Espagne
Les grandes, immenses, désertes étendues
Galope cheval balzan
Cavalier du peuple
Sous le soleil et la lune

Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer

Tel un cœur qui cogne, sonnent et résonnent
Les terres d’Espagne sous tes quatre fers
Galope cavalier du peuple
O cheval balzan
O cheval d’écume

Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer

Personne, personne, en face personne
La mort n’est personne chevauchant avec toi
Galope, cheval balzan
Cavalier du peuple
Car la terre est tienne

Au galop, au grand galop
Jusqu’à les ensevelir dans la mer

Traduction : Dominique Fernandez

 

 

 

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Ah! Mio cor ! Schernito sei / Ah, mon cœur ! On t’a trompé !

30 Mai 2016, 03:28am

Publié par vertuchou

"Ah! mio cor ! schernito sei ! " (Haendel: Alcina / II, 8, air n°23) par Patricia Petibon, Venice Baroque Orchestra dirigé par Andrea Marcon ()

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Chanson de Fortunio

29 Mai 2016, 02:44am

Publié par vertuchou

Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,
Si vous voulez,
Que je l'adore et qu'elle est blonde
Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie
Veut m'ordonner,
Et je puis, s'il lui faut ma vie,
La lui donner.

Du mal qu'une amour ignorée
Nous fait souffrir,
J'en porte l'âme déchirée
Jusqu'à mourir.

Mais j'aime trop pour que je die
Qui j'ose aimer,
Et je veux mourir pour ma mie
Sans la nommer.

Alfred de Musset

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Qu’est-ce que la poésie ?

28 Mai 2016, 03:41am

Publié par vertuchou

“Qu’est-ce que la poésie ?

Une pensée dans une image.”

Johann Wolfgang von Goethe

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