Place des Lices
Henri Matisse
1869 - 1954
Place des Lices
St Tropez
1904
Coups de cœur
Henri Matisse
1869 - 1954
Place des Lices
St Tropez
1904
à P.L.C.
j’ai fait un rêve en ce pays –
mais pourquoi s’en souvenir ?
après un voyage en montagne
j’arrivai guidé peut-être mais comment
ou sachant à mon insu
dans une plaine verte
à la barrière d’un champ
pourquoi donc aujourd’hui
ce rêve qui a des couleurs d’emblème
s’impose-t-il à moi ?
je connus tous le pays
marchant et courant, souvent essoufflé
toujours en quête ou obligé
par qui ?
au nom de quoi ?
tendu et assoiffé
j’allai d’un champ à un autre
observant ma course
ou bien n’était-ce peut-être que l’effet du souvenir
et je fis plusieurs fois le cercle
ou des cercles différents
mais qu’ai-je donc oublié ?
qu’y avait-il que je n’ai pas retrouvé ?
pourquoi ce rêve se fait-il si pressant
comme si je devais rentrer en moi-même
comme si je devais repartir
non je ne veux pas croire à tout cela
qui s’éloigne de moi
Laurent Grisel
Jean-Sébastien Bach
1685-1750
cantate BWV 97 In allen meinen Taten
(Dans tout ce que je fais)
1734
6ème mouvement : aria (alto) : Leg ich mich späte nieder
interprété par Ruth Sandhoff
the J. S. Bach Foundation of St Gallen sous la direction de Rudolf Lutz.
Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m'ont pas trouvé malin.
À vingt ans un trouble nouveau
Sous le nom d'amoureuses flammes
M'a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m'ont pas trouvé beau.
Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l'étant guère,
J'ai voulu mourir à la guerre :
La mort n'a pas voulu de moi.
Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu'est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard !
Paul Verlaine
Ella Fitzgerald et Joe Pass
Duo à Hanovre
1975
Laura
Wave
My Funny Valentine
You Stepped Out Of A Dream
You Turned The Tables On Me
Darn That Dream
Ella and Joe
You Turned The Tables On Me
Cry Me A River
Nature Boy
Nature Boy (2nd)
You Are The Sunshine Of My Life
Avalon
Stormy Weather
One Note Samba
The One I Love (Belongs To Somebody Else)
How High The Moon
Ils ne se retournent pas pour dire adieu à l’exil,
un autre les attend. Ils se sont habitués
à tourner en rond,
sans devant, sans arrière,
sans nord ou sud. “Ils migrent”
de la clôture vers le jardin et laissent un testament
dans chaque mètre du patio de la maison :
“Après nous, ne vous souvenez
que de la vie…”
“Ils voyagent” du matin verdoyant
à la poussière du midi,
portant leurs cercueils emplis
des objets de l’absence :
une carte d’identité et une lettre d’amour
pour une femme à l’adresse inconnue :
“Après nous, ne te souviens
que de la vie…”
“Ils migrent” des maisons vers les rues,
faisant le V blessé de la victoire et disant
à quiconque les voit :
“Nous vivons encore,
ne vous souvenez pas de nous !”
Ils sortent du récit pour respirer et s’ensoleiller.
Ils rêvent de voler plus haut…
et encore plus haut.
Ils s’élèvent et se posent, partent et reviennent,
sautent des céramiques anciennes
vers les étoiles
et reviennent dans le récit…
Pas de fin au commencement.
Ils fuient la somnolence
vers l’ange du sommeil,
blanc. Leurs yeux ont rougi
d’avoir tant contemplé
le sang répandu :
“Après nous,
ne vous souvenez
que de la vie…”
Mahmud Darwish
Rena Effendi
Hanylyk
2006-2009
70 x 70
Tourmenté d'un amour qui me plaît et me blesse,
Blessé d'un désespoir que j'aime et qui me nuit,
Amant désespéré, la fureur m'a réduit
Au secours des sorciers contre une enchanteresse.
Ses cheveux ont lié mon esprit à leur tresse,
Ses beaux yeux m'ont charmé, sa bouche m'a séduit,
Son sein porte une fraise, et plus bas est un fruit
Qui me fait enrager dans la faim qui me presse.
Venez à moi, Démons, apportez avec vous
Vos herbes et votre art, afin qu'à mon courroux
Ma main et mon amour puissent fournir des armes.
Aimez-moi, Valiane, ou bien tant de tourments
Me feront contre vous aider d'enchantements,
Voyant que contre moi vous vous servez de charmes.
Pierre de Marbeuf
C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.
Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent. Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix.
D'autres qui referont comme moi le voyage
D'autres qui souriront d'un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D'autres qui lèveront les yeux vers les nuages.
II y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
II y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant.
C'est une chose au fond, que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n'était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre.
Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n'est qu'un commencement.
Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l'échine et le cœur dévasté
Cet impossible choix d'être et d'avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche.
Malgré la guerre et l'injustice et l'insomnie
Où l'on porte rongeant votre cœur ce renard
L'amertume et Dieu sait si je l'ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie.
Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu'on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu'on aime et de ce qu'on croit un martyre.
Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon Dieu qui ne savent pas ce qu'ils font.
Malgré l'âge et lorsque, soudain le cœur vous flanche
L'entourage prêt à tout croire à donner tort
Indifférent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche.
La cruauté générale et les saloperies
Qu'on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu'on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d'une injure ou d'un cri.
Cet enfer Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu'on voulait pourtant ce qu'on voulait
De toute sa croyance imbécile à l'azur.
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.
Louis Aragon
Robert Rauschenberg
Trancer
huile et écran de soie sur toile
213.68 x 152.4 cm
1963