L'Art de la fugue
Jean-Sebastien Bach, l'Art de la fugue, Contrepoints 1, 3, 2, 5, 6, 8, 9, 11, 13, 14, 1740-1750, au piano : Vyacheslav Gryaznov
Coups de cœur
Jean-Sebastien Bach, l'Art de la fugue, Contrepoints 1, 3, 2, 5, 6, 8, 9, 11, 13, 14, 1740-1750, au piano : Vyacheslav Gryaznov
Le poète est le domestique des forces qu’il sert sans les comprendre.
Il doit tenir la maison propre. Son progrès ne peut être que moral.
Jean Cocteau
Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
Toute matinée veut devenir soirée,
Sur terre rien n’est éternité,
Si ce n’est le mouvement, le temps qui fuit.
Même le plus bel été veut voir une fois
La nature qui se fane, l’automne qui vient.
Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
Lorsque le vent veut t’enlever au loin.
Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
Laisse les choses advenir sans heurts,
Laisse enfin le vent qui te détacha
Te conduire jusqu’à ta demeure.
Hermann Hesse
Dans les lignes de ta main
Pour me plaire j’y veux voir
Que rien ne nous sépare
Et qu’avons même destin.
Dans les lignes de ta main
Je découvre en cherchant
Les signes bienfaisants
De ce qui me convient.
Dans le creux de ta paume
Où ma main se blottit
Je retrouve mon abri
Doux et calme. Comme un baume.
Esther Granek
Il y a quelque nonchalance,
Peut-être quelque pauvreté
Dans ton amour plein de silence;
Je le sens cette nuit d’été.
L’espace étoilé qui nous lie
Par ses zéphyrs et son odeur
Ressemble plus à ma folie
Qu’à ta noble et simple pudeur.
Tu penses à toi en vivant,
Tout ton être en toi persévère;
Moi par l’arôme et par le vent
Je rejoins les sublimes sphères.
L’infini qui respire et luit
S’accorderait avec mon être
Si le ciel pouvait me connaître
Et si j’appartenais à lui !
Mais toi, sans même que tu saches
D’où me vient ma triste fureur,
D’où vient que mon désir s’attache
À ta vive et sourde pâleur,
Tu vis tranquillement, content
De sentir ton esprit à l’aise
Parmi tous mes soins, et pourtant
Je n’aime pas que tu me plaises !
Je n’aime pas ce dévouement
Que suscite en moi quelque charme
De ta voix; de tes mouvements,
Toutes tes innocentes armes !
Depuis le jour où je t’aimai
Ma fierté s’irrite et réclame,
Je ne me pardonne jamais
Cette reddition de l’âme !
Àh laisse-moi te fuir, afin
De te retrouver en moi-même,
Selon ma soif, selon ma faim,
Et suffisant pour que je t’aime !
Anna de Noailles
"Il" était mon premier amant. C'était sur lui que j'avais connu le parfum de mon propre corps. C'est toujours sur le corps des autres qu'on découvre le sien, sa longueur, son odeur, d'abord avec méfiance, puis avec reconnaissance.
Françoise Sagan
Le vent seul
Fait ce qu’il est
Ce qu’il veut
Le vent qui fait commerce à la criée
D’herbes noires
Et de pierres brûlées
Paul Vincensini
Jacques Brel