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Vertuchou.over-blog.com

Hymne

25 Juillet 2010, 05:31am

Publié par vertuchou

À la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon cœur de clarté,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !


Elle se répand dans ma vie
Comme un air imprégné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l’éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L’atmosphère d’un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T’exprimer avec vérité ?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité !

À la très-bonne, à la très-belle,
Qui fait ma joie et ma santé,
À l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité !

 

Charles Baudelaire

 

A celle qui est trop gaie

 

Le Léthé

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J'appelle poète un homme

23 Juillet 2010, 05:28am

Publié par vertuchou

J'appelle poète un homme dont la parole respire

au rythme de la création et dans la bouche duquel

les mots de chaque jour - fanés comme des fleurs -

retrouvent leurs couleurs et leurs parfums 

parce que de nouveau circule en eux

une sève qui est notre sang.

Edmond Jeanneret

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J’ai rebaptisé les rues de ma ville

21 Juillet 2010, 05:44am

Publié par vertuchou

Que me font tous ces noms que je ne connais pas
ces rois, ces maréchaux, ces généraux d’antan
quand j’arpente ma ville, mon amour, où que j’aille
c’est à toi que je rêve sur ce champ de bataille

que me font tous ces noms que je ne connais pas
ces savants oubliés, ces sportifs, ces tyrans
ces régions, ces héros, ces dates historiques
je ne connais que toi partout où je me risque

que me font tous ces noms que je ne connais pas
sculpteurs, danseurs, artistes peintres et musiciens
écrivains négligés, physiciens, médecins
mon pas est incertain s’il ne te connaît pas

alors j’ai gribouillé le plan
rebaptisé les rues
pour aller désormais
du pas sûr de l’amant

chaque nuit je remplace une plaque
des rues
de ma ville
chaque nuit je rebaptise
les rues
de ma ville
et le jour je te cherche

 

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rue du café où au petit matin on a pris notre premier petit déjeuner
rue où tu t’es foulé une cheville en voulant jouer à saute mouton
rue où en sortant du théâtre tu n’as pas parlé pendant une heure
rue du cinéma que tu aimais tant et qui a été détruit
rue du restaurant où tu as trouvé un cafard dans ta salade
rue de l’hôtel où tu as oublié une culotte mise à sécher
rue de la librairie où l’on trouve de vieux 10/18 introuvables
rue de l’immeuble où n’en pouvant plus tu as fait pipi dans l’entrée
rue où tu t’es fait photographier dans les bras de Barbara
rue de l’épicerie où les légumes sont les plus frais du monde
rue du fromager qui te fait rire parce qu’il ressemble à ses fromages
rue du boulanger parce que tu trouves la boulangère très belle
rue de l’armurier où tu n’as plus jamais voulu passer
rue du torréfacteur où tu rêvais de voyages orientaux
rue de l’amour où je n’ai pas changé la plaque
rue où tu m’as pris pour la première fois par le cou
rue où tu m’as pris la main pour la première fois
rue où pour la première fois tu as refusé de m’embrasser
rue du restaurant tzigane qui descend vers le fleuve
rue où le gros monsieur barbu t’a demandée en mariage sur un air d’opéra
rue où habitaient tes parents autrefois
rue où tu disais toujours qu’on se croirait à Prague
rue de la pâtisserie où l’on trouve les meilleurs gâteaux des rois
rue où ce sauvage a arraché ton sac et volé si peu d’argent
rue où tu as pleuré pour ce chien écrasé
rue des synonymes
rue de l'étourderie
rue des enfants
rue du soleil
rue de l'éclipse
rue de la poésie

j’arpente chaque jour ma nouvelle cité
où les gens sont perdus, toi et moi retrouvés
je tiens ta douce main, je sais donc où je vais
dans tes pas, souriant, je vais te retrouver

ma ville n’est enfin plus ce champ de bataille
cette encyclopédie, ce dictionnaire en braille
c’est l’album souvenir, la carte des amants
mappemonde du temps, du temps où tu étais là

 

Francis Ricard

link

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Pantouns Malais

19 Juillet 2010, 04:58am

Publié par vertuchou

L’éclair vibre sa flèche torse
À l’horizon mouvant des flots.
Sur ta natte de fine écorce
Tu rêves, les yeux demi-clos.

À l’horizon mouvant des flots
La foudre luit sur les écumes.
Tu rêves, les yeux demi-clos,
Dans la case que tu parfumes.

La foudre luit sur les écumes,
L’ombre est en proie au vent hurleur.
Dans la case que tu parfumes
Tu rêves et souris, ma fleur !

L’ombre est en proie au vent hurleur,
Il s’engouffre au fond des ravines.
Tu rêves et souris, ma fleur !
Le cœur plein de chansons divines.

Il s’engouffre au fond des ravines,
Parmi le fracas des torrents.
Le cœur plein de chansons divines,
Monte, nage aux cieux transparents !

Parmi le fracas des torrents
L’arbre éperdu s’agite et plonge.
Monte, nage aux cieux transparents,
Sur l’aile d’un amoureux songe !

L’arbre éperdu s’agite et plonge,
Le roc bondit déraciné.
Sur l’aile d’un amoureux songe
Berce ton cœur illuminé !

Le roc bondit déraciné
Vers la mer ivre de sa force.
Berce ton cœur illuminé !
L’éclair vibre sa flèche torse.

(extrait)


Leconte de Lisle

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Oh ! My Mama / Oh Ma Mère

17 Juillet 2010, 01:54am

Publié par vertuchou

 

Oh! My Mama, she gave me these feathered breaths

Oh! My mama, she told me, “Use your voice, my little bird!”

She said “sing! sing! sing! sing! sing! sing! melodies”

And she sang! sang! sang! sang! sang! those melodies

Oh! My Mama, she did give me fancy feet I’ll be dancin’ on

And I’ll tap, tap, tap my toes into those creaking floor boards

Oh! My mama she took my little hand and held on tight

All the mamas give the waters of their wells!

All the mamas give the babies this very dirt we’re walking on

Oh! My Mama, she gave me these feathered breaths 

And your mama, she gave you these feathered breaths too

And when the sky drops all those feathers

When the birds sing in the morning

I’ll be a mama

I’ll have a daughter

And I’ll give her melodies

I’ll give her melodies

She’ll be my little bird

And then she’ll fly


Alela Diane 

 

 

 

 


Oh ! Ma mère, elle m'a donné ces souffles à plumes 

Oh ! Ma mère, elle m'a dit, "Utilise ta voix, mon petit oiseau !" 

Elle a dit "chante ! Chante ! Chante ! Chante ! Chante ! Chante !

Des mélodies" 

Et elle a chanté! A chanté ! A chanté ! A chanté ! A chanté !

Ces mélodies

Oh ! Ma mère, elle m'a vraiment donné des pieds fantaisistes

sur lesquels je serai danseuse 

Et je découvrirai, découvrirai, découvrirai mes orteils

sur ces planchers grinçants 

Oh ! Ma mère elle a pris ma petite main et l’a tenue serrée 

Toutes les mères donnent les eaux de leur puits !

Toutes les mères donnent aux bébés cette très sale boue

sur laquelle nous marchons 

Oh ! Ma mère, elle m'a donné ces souffles à plumes 

Et votre mère, elle vous a donné ces souffles à plumes aussi 

Et quand le ciel laisse tomber toutes ces plumes 

Quand les oiseaux chantent le matin 

je serai une mère

j'aurai une fille 

Et je lui donnerai des mélodies 

je lui donnerai des mélodies 

Elle sera mon petit oiseau 

Et puis elle s’envolera.

 

 link

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Aimée-Aimante

15 Juillet 2010, 06:17am

Publié par vertuchou

 

C'est une femme de soie sauvage.

Poreuse sous les mains savamment tendres.

Une femme de collines et de combes, de feuillages, de mousses. 

Une ligne sinueuse en volutes et volupté. 

Sucs et salives, écartèlement vertigineux.

Elle, disloquée, réunie.

 

arc-en-ciel


Une femme très loin, à héler, harponner.

Très proche à pétrir, goûter, savourer.

Une femme d'espace amoureux

saturé de miel et d'ombres intimes,

de fière approchée, de tressaillement secret. 

Rauque et luisante 

dans la rumeur du plaisir imminent.

Tambour de la jubilation.

 

Colette Nys-Mazure

link

 

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L'Eternité

13 Juillet 2010, 06:57am

Publié par vertuchou

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.

Ame sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.

Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.

Rimbaud



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Le poème est un mensonge

12 Juillet 2010, 05:47am

Publié par vertuchou

Le poème est un mensonge qui dit toujours la vérité .


Jean Cocteau

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Mélancolie

11 Juillet 2010, 08:02am

Publié par vertuchou

L’âme bleue s’est refermée muette

Dans la fenêtre ouverte tombe la forêt brune

Le silence des bêtes sombres ; dans la profondeur meule le moulin

sur le chemin, les nuages dévalent,

 

Ces étrangers dorés. une cohorte de coursiers

jaillit rouge dans le village. Le jardin brun et froid

L’aster tremble de froid, sur la clôture peinte tendrement

l’or des tournesols est déjà presque enfui.

 

La voix des jeunes filles, la rosée a débordé

dans l’herbe dure et l’étoile blanche et froide.

Au milieu des ombres chères vois la mort peinte

chaque face pleine de larmes et fermée sur elle-même.



Georg Trakl


Rondeau

Grodek

 

 

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Les Arbres

9 Juillet 2010, 07:01am

Publié par vertuchou

 

Dans l'azur de l'avril, dans le gris de l'automne,

Les arbres ont un charme inquiet et mouvant.

Le peuplier se ploie et se tord sous le vent,

Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.


Sa grâce a des langueurs de chair qui s'abandonne,

Son feuillage murmure et frémit en rêvant,

Et s'incline, amoureux des roses du Levant.

Le tremble porte au front une pâle couronne.


Vêtu de clair de lune et de reflets d'argent,

S'effile le bouleau dont l'ivoire changeant

Projette des pâleurs aux ombres incertaines.

 

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Les tilleuls ont l'odeur des âpres cheveux bruns,

Et des acacias aux verdures lointaines

Tombe divinement la neige des parfums.


Renée Vivien

 

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