Bleib bei uns, denn es will Abend werden
Jean-Sébastien Bach
1685 - 1750
Coups de cœur
Jean-Sébastien Bach
1685 - 1750
Montagne des grands abusés,
Au sommet de vos tours fiévreuses
Faiblit la dernière clarté.
Rien que le vide et l'avalanche,
La détresse et le regret!
Tous ces troubadours mal-aimés
Ont vu blanchir dans un été
Leur doux royaume pessimiste.
Ah! la neige est inéxorable
Qui aime qu'on souffre à ses pieds,
Qui veut que l'on meure glacé
Quand on a vécu dans les sables.
René Char
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
— Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur —
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
(Baratier : général français mort au combat en 1917)
Guillaume Apollinaire
Parmi tous les genres littéraires, la poésie est celui qui rend possible
l’expression la plus libre de soi-même.
Je dirais même que, plus un poète est souverain dans son expression,
meilleure sera (en puissance) la poésie qu’il produit.
Irén Kiss
The first time ever I saw your face
I thought the sun rose in your eyes
And the moon and the stars were the gifts you gave
To the dark and the endless skies
And the first time ever I kissed your mouth
I felt the earth move in my hand
Like the trembling heart of a captive bird
That was there at my command, my love
And the first time ever I lay with you
I felt your heart so close to mine
And I knew our joy would fill the earth
And last till the end of time my love
The first time ever I saw your face
Your face
Your face
Your face
Ewan MacColl
Vassily Kandinsky
1866 - 1944
Murnau avec église II
1910
huile sur toile
Je donne ma main à ma sœur kinésithérapeute,
je donne mes tripes à Caen,
mon cœur aux restos,
mes reins sûrs aux caniveaux.
Je donne ma tête de lard à l’art,
je donne mon foie aux morues,
mes yeux à Michèle Morgan,
mes dents à Adam
et ma langue au chat d’Ève.
Je donne mon sang impur aux microsillons.
Je donne mon cul à ma chance qui en a besoin.
Je donne mes jambes à mon cou
et mes bras autour du tien.
Je donne mon dernier souffle au bouche-à-bouche,
je donne mon pied à ma maitresse,
je donne mon âme. Adieu.
Et ce qui reste aux chiens.
OU
COMMENT ÉCONOMISER
UN ENTERREMENT
Jean L’Anselme
Comme l'argile L'insecte fragile L'esclave docile Je t'appartiens De tout mon être Tu es le seul maître Je dois me soumettre Je t'appartiens Si tu condamnes Jetant mon âme Au creux des flammes Je n'y peux rien Avec les peines L'amour et la haine Coulant dans mes veines Je t'appartiens Que puis-je faire Pour te satisfaire Patron de la terre Sur mon chemin Comme les anges Chanter tes louanges Mais je ne suis pas un ange Tu le sais bien Je ne suis qu'un homme Rien qu'un pauvre homme Je t'aime comme Comme un copain Souvent je pense Que dans ton immense Palais de silence Tu dois être bien
Je t'appartiens
paroles de Pierre Delanoë
musique de Gilbert Bécaud
Sur l'ile des songes
je t'ai cherchée
longtemps en vain
je t'ai retrouvée
face à l'océan
des âmes muettes
Telle une statue
tu es apparue revêtue
d'un manteau de pourpre
comme un cardinal déchu
un collier de jais
pour seule parure
Les yeux brûlants
de mélancolie
Tu m'as accueilli
Tu te consumais
enfermée dans l'armure
d'un amour parjure
Notre rencontre fut brève
fille d'Arès
porteuse de la folie
amour fulgurant
le temps d'un rêve
tu restes un mystère.