Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Savoir vieillir savoir passer le temps

21 Août 2012, 05:01am

Publié par vertuchou

 

Savoir régner savoir durer savoir revivre
Il rejeta ses draps il éclaira la chambre
Il ouvrit les miroirs légers de sa jeunesse
Et les longues allées qui l’avaient reconduit

Etre un enfant être une plume à sa naissance
Etre la source invariable et transparente
Toujours être au cœur blanc une goutte de sang
Une goutte de feu toujours renouvelée

Mordre un rire innocent mordre à même la vie
Rien n’a changé candeur rien n’a changé désir
L’hiver j’ai mon soleil il fait fleurir ma neige
Et l’été qui sent bon a toutes les faiblesses

 

Paul Eluard

Voir les commentaires

Le poète est un sourcier

19 Août 2012, 05:18am

Publié par vertuchou

Sourcier
Le poète est un sourcier
qui puise en lui
une eau pure mêlée de boue
puis la verse dans les veines
d’un papier marbré.

Laurent Grison

Voir les commentaires

Une voix

17 Août 2012, 05:12am

Publié par vertuchou

Ecoute-moi revivre dans ces forêts
Sous les frondaisons de mémoire
Où je passe verte,
Sourire calciné d'anciennes plantes sur la terre,
Race charbonneuse du jour.

Ecoute-moi revivre, je te conduis
Au jardin de présence,
L'abandonné au soir et que les ombres couvrent,
L'habitable pour toi dans le nouvel amour.

Hier règnant désert, j'étais feuille sauvage
Et libre de mourir,
Mais le temps mûrissait, plainte noire des combes,
La blessure de l'eau, dans les pierres du jour.

Yves Bonnefoy

Voir les commentaires

Nue

15 Août 2012, 05:39am

Publié par vertuchou

Man-Ray--Nude--1929.jpg

 

Man Ray

(Emmanuel Rudzisky)

1890- 1976

 

Nue

1925

Voir les commentaires

Avevo vent'anni, neanche / J’avais vingt ans, même pas

13 Août 2012, 05:09am

Publié par vertuchou

(...)

Avevo vent'anni, neanche - diciotto,
diciannove... ed era già passato un secolo
dacché ero vivo, una intera vita

consumata al dolore dell'idea
che non avrei mai potuto dare il mio amore
se non alla mia mano, o all'erba dei fossi,

o magari al terriccio di una tomba incustodita...
Vent'anni, e, con la sua storia umana, e il suo ciclo
di poesia, era conclusa una  vita.   

Pier Paolo Pasolini


J’avais vingt ans, même pas –dix-huit,
dix-neuf…et déjà un siècle était passé
depuis que je vivais une vie entière

consumée à la douleur de penser
que je ne pourrais jamais donner mon amour,
sinon à ma main, ou à l’herbe des fossés,

au terreau d’une tombe sans surveillance…
Vingt ans et, avec son histoire humaine, avec son cycle
De poésie, une vie était close.

Voir les commentaires

La poésie ne peut plus se permettre

11 Août 2012, 06:05am

Publié par vertuchou

La poésie ne peut plus se permettre d’être naïve, il faut qu’elle se protège

de l’...envahissement du conceptuel par une conscience de soi on ne peut plus avertie,

et pour ce faire il lui faut revisiter et analyser sa propre histoire,

il lui faut donc du savoir, de la philologie, seuls moyens de ne pas se retrouver

à glisser à la surface des œuvres qui nous importent.

Yves Bonnefoy

Voir les commentaires

Aux étoiles

9 Août 2012, 05:53am

Publié par vertuchou

J'ai chanté aux étoiles mon amour pour toi
Puis j'ai fait le calcul ma voix leur parviendra
Dans trois milliards d'années sûrement elles vont s'éteindre
De n'avoir pu t'aimer car moi seul peut t'étreindre
A ton seul souvenir mon bonheur perle en larmes
Et s'en va dévaler en cascades et vacarmes
Si la ville panique ce n'est que d'ignorer
Que mille torrents d'amour s'en viennent l'abreuver

Qu'on me redise un jour
Que l'amour n'a qu'un temps
Tant que courra le temps

je t'aimerai autant
T'en fait pas mon amour
Laissons-le défiler
Il est temps de s'étendre
Pour mieux le défier

J'ai voulu voir du beau ailleurs que sur ton corps
Mais mes yeux sans repos doivent fouiller encore
Je n'ai d'autre sommeil que dormir sur ton ventre
Je n'ai d'autre folie que rentrer dans ton antre
J'ai le coeur qui pense et la tête qui pompe
Bonheur d'être à l'envers la raison qui s'estompe
Quand de tes doigts glacés tu me brûles la peau
Quand dans tes petits bras je couche comme en un château

Qu'on me redise un jour
Que l'amour n'a qu'un temps
Tant que courra le temps

je t'aimerai autant
T'en fait pas mon amour
Laissons-le défiler
Il est temps de s'étendre
Pour mieux le défier

S'agit pas de s'en aller sinon qui va m'aider
Me dire qu'il faut manger puis aussi respirer
Je ne sais plus rien faire que de penser à toi
Non c'est vrai j'exagère je veux parler de toi
Tu t'es offerte à moi et j'ai gagné ma mort
Ma même ma pareille me voilà couvert d'or
Pour te dire que je t'aime j'ai dû en faire des couches
À ton prochain sourire j'en rajouterai trois louches

Qu'on me redise un jour
Que l'amour n'a qu'un temps
Tant que courra le temps je t'aimerai autant
T'en fait pas mon amour
Laissons-le défiler
Il est temps de s'étendre
Pour mieux le défier

Loïc Lantoine

 

 

Voir les commentaires

C'est une décision difficile à prendre

7 Août 2012, 05:25am

Publié par vertuchou

C'est une décision difficile à prendre, s'il faut commencer une fille par le haut ou par le bas.

Avec Vida, franchement, je ne savais pas par où commencer. C'était vraiment un problème.
Quand elle se souleva un peu et, gauchement, plaça mon visage dans un petit réceptacle

qui était ses mains et qu'elle m'embrassa calmement (encore, et encore)

il fallut bien commencer quelque part.
Pendant tout ce temps, elle me regardait fixement. Ses yeux ne me quittaient pas des yeux,

comme si j'étais un terrain d'atterrissage.
Je changeai de réceptacle et c'est son visage alors qui devint une fleur entre mes mains.

Lentement, pendant que je l'embrassais, j'ai laissé mes mains dériver le long de son visage

puis plus bas encore, jusqu'au cou, jusqu'aux épaules.
Et je voyais l'avenir se chambarder dans sa tête tandis que j'arrivais à la lisière de ses seins.

Si vastes, d'un galbe si parfait sous son pull, que j'avais l'estomac perché

en haut d'un escabeau lorsque je les touchai pour la première fois.
Ses yeux ne me quittaient pas et je voyais dans ses yeux le reflet du geste

par lequel je touchais ses seins.

Ce fut comme un bref éclair bleu.

 

Richard Brautigan

L'Avortement / 1966

Voir les commentaires

Die grossen blauen Pferde / Les grands chevaux bleus

6 Août 2012, 05:27am

Publié par vertuchou

 

wac_129e.jpg

 

Franz Marc

 Les grands chevaux bleus

huile sur toile

1911

Voir les commentaires

Il existe un pays

5 Août 2012, 05:14am

Publié par vertuchou

Il existe un pays, plutôt une frontière,
Où la lumière est douce et pratiquement solide
Les êtres humains échangent des fragments de lumière,
Mais il n'ont pas la moindre appréhension du vide.
La parabole du désir
Remplissait nos mains de silence
Et chacun se sentait mourir,
Nos corps vibraient de ton absence.
Nous avons traversé des frontières de craie
Et le second matin le soleil devint proche
Il y avait dans le ciel quelque chose qui bougeait,
Un battement très doux faisait vibrer les roches.
Les gouttelettes de lumière
Se posaient sur nos corps meurtris
Comme la caresse infinie
D'une divinité - matière

 

Michel Houellebecq

 

Voir les commentaires