Louisfert
La toile le pinceau
en touches de lumière
les couleurs légères
pour un émerveillement perpétuel.
Au creux du corps
première solitude
l’écriture lumière
transfigure la parole errante.
Ghislaine Lejard
Coups de cœur
La toile le pinceau
en touches de lumière
les couleurs légères
pour un émerveillement perpétuel.
Au creux du corps
première solitude
l’écriture lumière
transfigure la parole errante.
Ghislaine Lejard
Je regarde la nuit. Tout semble libéré,
L’esclavage du jour a détendu ses chaînes.
Au bas d’un noir coteau, par la lune nacré,
Un train lance des jets de sanglots effarés ;
Les parfums, emmêlés l’un à l’autre, s’entraînent.
Malgré l’infinité des temps incorporés,
Chaque nuit est intacte, hospitalière et neuve.
J’entends le sifflement d’un bateau sur le fleuve.
L’horloge d’un couvent, dans l’espace attentif,
Fait tinter douze coups insistants et plaintifs ;
Les parfums, dilatés, sur les brises tressaillent ;
D’un exaltant départ l’air est soudain empli.
De secrètes rumeurs circulent et m’assaillent…
— Hélas ! tendres appels, où voulez-vous que j’aille ?
Où mène le désir ? Quel rêve s’accomplit ?
Cessez de me héler, voix des divins minuits !
Je reste ; j’ai tout vu défaillir : je n’espère
Que la paix de ne plus rien vouloir sur la terre.
Je suis un compagnon harassé par le sort,
Et qui descend, courbé, la pente de la mort
Anna de Noailles
Tu venais frapper à ma porte, me retenais. On passait la journée à s'inviter.
Tu as très vite appris mon corps. Les coins où il fallait s’attarder. Tu y mettais beaucoup de soin, de patience, tu prenais ton temps. Tu ne pensais qu’à mon plaisir. Après seulement au tien. Tu étais un amant fin, distingué. Un amant absolument parfait.
À présent, je peux te l'avouer, avec toi, j'ai presque tout appris de la sensualité. Avec toi, j'ai grandi
Virginie Carton, Restons bons amants.
Vivantes émotions ! Enivrantes passions
De mon cœur qui se noie de joie ou de tristesse,
De colère ou de peur, qui jamais ne délaisse
Mon cerveau animé de chaque sensation.
Et me voilà vibrante et toute en réaction
Allant de la caresse au coup bas qui me blesse :
Vivantes émotions - vives contradictions -
Qui, de feu ou de peu, passant me bouleversent.
Ainsi donc je subis maintes agitations
De la noire détresse à la radieuse ivresse
Frustrée le plus souvent de trouver expression
Et finir qu’on acquiesce, à regret, disant : Est-ce
Vivantes émotions ? Navrante inspiration.
- Fabienne Passament
Comment je t’aime? Laisse m’en compter les formes.
Je t’aime du fond, de l’ampleur, de la cime
De mon âme, quand elle aspire invisible
Aux fins de l’Être et de la Grâce parfaite.
Je t’aime au doux niveau quotidien du
Besoin, sous le soleil et la chandelle.
Je t’aime librement, comme on tend au Droit ;
Je t’aime purement, comme on fuit l’Éloge.
Je t’aime avec la passion dont j’usais
Dans la peine, et de ma confiance d’enfant.
Je t’aime d’un amour qui semblait perdu
Avec les miens – je t’aime de mon souffle
Rires, larmes, de ma vie! – et, si Dieu choisit,
Je t’aimerai plus encore dans la mort.
Elizabeth Barrett-Browning
La poésie est une éternelle jeunesse qui ranime le goût de vivre jusque dans le désespoir.
André Suarès
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
Louis Aragon