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La poésie s’accompagne toujours de plaisir

18 Juillet 2023, 01:04am

Publié par vertuchou

La poésie s’accompagne toujours de plaisir : tous les esprits sur lesquels elle descend s’ouvrent pour recevoir la sagesse qui est mêlée au ravissement qu’elle procure. Dans l’enfance du monde, ni les poètes eux-mêmes ni leur auditoire n’avaient pleinement conscience de l’excellence de la poésie : car elle agit d’une façon divine et que l’on ne perçoit pas au-delà et au-dessus de la conscience ; et c’est aux générations à venir qu’il revient de contempler et de mesurer la puissance de la cause et de l’effet et toute la
force et toute la splendeur de leur union.

Percy Bysshe Shelley,

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La Centaine d'Amour - 65

17 Juillet 2023, 01:22am

Publié par vertuchou

Mathilde, où donc es-tu ? N’ai-je pas remar­qué
entre cra­vate et cœur en bas, et vers le haut,
une vague mélan­co­lie inter­cos­tale :
c’est que j’avais com­pris tout à coup ton absence.
La lumière de ton éner­gie m’a man­qué
j’ai regardé tout en dévo­rant l’espé­rance,
regardé la mai­son et son vide sans toi,
il ne reste plus que des fenê­tres tra­gi­ques.
Taci­turne est le toit, tel­le­ment qu’il écoute
d’ancien­nes pluies pleu­voir, comme tom­bent les feuilles,
les ­plu­mes, et ce que la nuit garde cap­tif :
et ainsi je t’attends comme une mai­son seule
et tu dois reve­nir me voir et m’habi­ter.
Si tu ne fais pas, j’ai mal à mes fenê­tres.

Pablo Neruda

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Aria

16 Juillet 2023, 01:25am

Publié par vertuchou

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À la marquise de B. A. T

15 Juillet 2023, 01:06am

Publié par vertuchou

(Sur le départ de Madame la marquise.)

Allez, belle marquise, allez en d'autres lieux
Semer les doux périls qui naissent de vos yeux.
Vous trouverez partout les âmes toutes prêtes
A recevoir vos lois et grossir vos conquêtes,
Et les cœurs à l'envi se jetant dans vos fers
Ne feront point de vœux qui ne vous soient offerts ;
Mais ne pensez pas tant aux glorieuses peines
De ces nouveaux captifs qui vont prendre vos chaînes,
Que vous teniez vos soins tout-à-fait dispensés
De faire un peu de grâce à ceux que vous laissez.
Apprenez à leur noble et chère servitude
L'art de vivre sans vous et sans inquiétude ;
Et, si sans faire un crime on peut vous en prier,
Marquise, apprenez-moi l'art de vous oublier.

En vain de tout mon cœur la triste prévoyance
A voulu faire essai des maux de votre absence ;
Quand j'ai cru le soustraire à des yeux si charmants,
Je l'ai livré moi-même à de nouveaux tourments :
Il a fait quelques jours le mutin et le brave,
Mais il revient à vous, et revient plus esclave,
Et reporte à vos pieds le tyrannique effet
De ce tourment nouveau que lui-même il s'est fait.

Vengez-vous du rebelle, et faites-vous justice ;
Vous devez un mépris du moins à son caprice ;
Avoir un si long temps des sentiments si vains,
C'est assez mériter l'honneur de vos dédains.
Quelle bonté superbe, ou quelle indifférence
A sa rébellion ôte le nom d'offense ?

Quoi ! vous me revoyez sans vous plaindre de rien ?
Je trouve même accueil avec même entretien ?
Hélas ! et j'espérais que votre humeur altière
M'ouvrirait les chemins à la révolte entière ;
Ce cœur, que la raison ne peut plus secourir,
Cherchait dans votre orgueil une aide à se guérir :
Mais vous lui refusez un moment de colère ;
Vous m'enviez le bien d'avoir pu vous déplaire ;
Vous dédaignez de voir quels sont mes attentats,
Et m'en punissez mieux ne m'en punissant pas.

Une heure de grimace ou froide ou sérieuse,
Un ton de voix trop rude ou trop impérieuse,
Un sourcil trop sévère, une ombre de fierté,
M'eût peut-être à vos yeux rendu la liberté.

J'aime, mais en aimant je n'ai point la bassesse
D'aimer jusqu'au mépris de l'objet qui me blesse ;
Ma flamme se dissipe à la moindre rigueur.
Non qu'enfin mon amour prétende cœur pour cœur :
Je vois mes cheveux gris : je sais que les années
Laissent peu de mérite aux âmes les mieux nées ;
Que les plus beaux talents des plus rares esprits,
Quand les corps sont usés, perdent bien de leur prix ;
Que, si dans mes beaux jours je parus supportable,
J'ai trop longtemps aimé pour être encore aimable,
Et que d'un front ridé les replis jaunissants
Mêlent un triste charme au prix de mon encens.
Je connais mes défauts ; mais après tout, je pense
Être pour vous encore un captif d'importance :

Car vous aimez la gloire, et vous savez qu'un roi
Ne vous en peut jamais assurer tant que moi.
Il est plus en ma main qu'en celle d'un monarque
De vous faire égaler l'amante de Pétrarque,
Et mieux que tous les rois je puis faire douter
De sa Laure ou de vous qui le doit emporter.

Aussi, je le vois trop, vous aimez à me plaire,
Vous vous rendez pour moi facile à satisfaire ;
Votre âme de mes feux tire un plaisir secret,
Et vous me perdriez sans honte avec regret.

Marquise, dites donc ce qu'il faut que je fasse :
Vous rattachez mes fers quand la saison vous chasse ;
Je vous avais quittée, et vous me rappelez
Dans le cruel instant que vous vous en allez.
Rigoureuse faveur, qui force à disparaître
Ce calme étudié que je faisais renaître,
Et qui ne rétablit votre absolu pouvoir
Que pour me condamner à languir sans vous voir !

Payez, payez mes feux d'une plus faible estime,
Traitez-les d'inconstants ; nommez ma fuite un crime ;
Prêtez-moi, par pitié, quelque injuste courroux ;
Renvoyez mes soupirs qui volent après vous ;
Faites-moi présumer qu'il en est quelques autres
A qui jusqu'en ces lieux vous renvoyez des vôtres,
Qu'en faveur d'un rival vous allez me trahir :
J'en ai, vous le savez, que je ne puis haïr ;
Négligez-moi pour eux, mais dites en vous-même :
« Moins il me veut aimer, plus il fait voir qu'il m'aime,
Et m'aime d'autant plus que son cœur enflammé
N'ose même aspirer au bonheur d'être aimé ;
Je fais tous ses plaisirs, j'ai toutes ses pensées,
Sans que le moindre espoir les ait intéressées. »

Puissé-je malgré vous y penser un peu moins,
M'échapper quelques jours vers quelques autres soins,
Trouver quelques plaisirs ailleurs qu'en votre idée,
Et voir toute mon âme un peu moins obsédée ;
Et vous, de qui je n'ose attendre jamais rien,
Ne ressentir jamais un mal pareil au mien !

Ainsi parla Cléandre, et ses maux se passèrent,
Son feu s'évanouit, ses déplaisirs cessèrent :
Il vécut sans la dame, et vécut sans ennui,
Comme la dame ailleurs se divertit sans lui.
Heureux en son amour, si l'ardeur qui l'anime
N'en conçoit les tourments que pour s'en plaindre en rime,
Et si d'un feu si beau la céleste vigueur
Peut enflammer ses vers sans échauffer son cœur !

Pierre Corneille

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Quand elle dormait ainsi

14 Juillet 2023, 01:32am

Publié par vertuchou

Quand elle dormait ainsi, sa tête appuyée contre un de mes bras, je me penchais sur elle pour voir son visage entouré de flammes. C'était jouer avec le feu. Un jour que je m'approchais trop sans pourtant que mon visage touchât le sien, je fus comme l'aiguille qui dépasse d'un millimètre la zone interdite et appartient à l'aimant. Est-ce la faute de l'aimant ou de l'aiguille ? C'est ainsi que je sentis mes lèvres contre les siennes. Elle fermait encore les yeux, mais visiblement comme quelqu'un qui ne dort pas. Je l'embrassai, stupéfait de mon audace, alors qu'en réalité c'était elle qui, lorsque j'approchais de son visage avait attiré ma tête contre sa bouche.

Raymond Radiguet, Le diable au corps.

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Je savais que tu pouvais me faire du mal

13 Juillet 2023, 01:21am

Publié par vertuchou

Je savais que tu pouvais me faire du mal,
Je l'ai su dès le premier jour,
depuis notre premier regard.
Alors j'ai voulu m'enfuir,
verrouiller toutes les portes,
blinder les fenêtres
et créer des distances kilométriques avec mon cœur en mettant l'océan en travers.
J'ai essayé, mais tu étais déjà en moi :
l'océan ne suffisait pas,
tu l'avais déjà traversé en donnant des battements à mon âme,
le cœur s'est rendu et n'a pas pu ni voulu créer la distance nécessaire.
J'ai donc ouvert la porte
et j'ai laissé ta vague m'envahir parce que j'ai compris que tu étais la bonne vague,
le moment parfait qui valait la peine d'être vécu
et que ne pas te vivre aurait été une "douleur".

Silvana Stremiz

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Florence Deshon à l'éventail

12 Juillet 2023, 01:21am

Publié par vertuchou

Margrethe Mather, Florence Deshon à l'éventail, 1921.

Margrethe Mather, Florence Deshon à l'éventail, 1921.

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Hier, la nuit d'été

11 Juillet 2023, 01:58am

Publié par vertuchou

Hier, la nuit d'été, qui nous prêtait ses voiles,
Etait digne de toi, tant elle avait d'étoiles !
Tant son calme était frais ! tant son souffle était doux !
Tant elle éteignait bien ses rumeurs apaisées !
Tant elle répandait d'amoureuses rosées
Sur les fleurs et sur nous !

Moi, j'étais devant toi, plein de joie et de flamme,
Car tu me regardais avec toute ton âme !
J'admirais la beauté dont ton front se revêt.
Et sans même qu'un mot révélât ta pensée,
La tendre rêverie en ton cœur commencée
Dans mon cœur s'achevait !

Et je bénissais Dieu, dont la grâce infinie
Sur la nuit et sur toi jeta tant d'harmonie,
Qui, pour me rendre calme et pour me rendre heureux,
Vous fit, la nuit et toi, si belles et si pures,
Si pleines de rayons, de parfums, de murmures,
Si douces toutes deux !

Oh oui, bénissons Dieu dans notre foi profonde !
C'est lui qui fit ton âme et qui créa le monde !
Lui qui charme mon cœur ! lui qui ravit mes yeux !
C'est lui que je retrouve au fond de tout mystère !
C'est lui qui fait briller ton regard sur la terre
Comme l'étoile aux cieux !

C'est Dieu qui mit l'amour au bout de toute chose,
L'amour en qui tout vit, l'amour sur qui tout pose !
C'est Dieu qui fait la nuit plus belle que le jour.
C'est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine,
A versé la beauté, comme une coupe pleine,
Et dans mon cœur l'amour !

Laisse-toi donc aimer ! — Oh ! l'amour, c'est la vie.
C'est tout ce qu'on regrette et tout ce qu'on envie
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Sans lui rien n'est complet, sans lui rien ne rayonne.
La beauté c'est le front, l'amour c'est la couronne :
Laisse-toi couronner !

Ce qui remplit une âme, hélas ! tu peux m'en croire,
Ce n'est pas un peu d'or, ni même un peu de gloire,
Poussière que l'orgueil rapporte des combats,
Ni l'ambition folle, occupée aux chimères,
Qui ronge tristement les écorces amères
Des choses d'ici-bas ;

Non, il lui faut, vois-tu, l'hymen de deux pensées,
Les soupirs étouffés, les mains longtemps pressées,
Le baiser, parfum pur, enivrante liqueur,
Et tout ce qu'un regard dans un regard peut lire,
Et toutes les chansons de cette douce lyre
Qu'on appelle le cœur !

Il n'est rien sous le ciel qui n'ait sa loi secrète,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Le pêcheur a la barque où l'espoir l'accompagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les âmes ont l'amour !

Le 21 mai 1833.
Victor Hugo.
 

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La poésie est une femme

10 Juillet 2023, 01:03am

Publié par vertuchou

La poésie est une femme dont le charme n'épargne personne.

Luccia Ongouya

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Hier ne meurt pas tu sais

9 Juillet 2023, 01:33am

Publié par vertuchou

Hier ne meurt pas tu sais,
L'Amour épouse le passé,
Caresse l'instant vécu,
Et embrasse nos folies.
Je viendrai encore te dire,
Les secrets d'un pétale de rose,
La douceur des mains du jardinier,
Sur la naissance du jour.
L'aube dans une feuille nue,
Se fera femme pour éclairer ta vie,
Et si mes mots te plaisent encore,
Je serai moi l'amante de l'aurore.

Carole Riquet

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