Sonate N°1 pour viole de gambe
Jean-Sébastien Bach, Sonate pour clavecin et viole de gambe en sol majeur BWV 1027, allegro ma non tanto 3/4
Coups de cœur
Jean-Sébastien Bach, Sonate pour clavecin et viole de gambe en sol majeur BWV 1027, allegro ma non tanto 3/4
Folles nuits —folles nuits !
Si j'étais avec toi
De folles nuits seraient
Notre luxure !
Futiles —les vents—
Pour un cœur au port—
Plus de boussole—
Plus de carte !
Ramant dans l'Eden—
Oh! la mer!
Si je pouvais amarrer —ce soir—
En toi !
Emily Dickinson
Un poème est une personne nue.
Bob Dylan
En moi régnait la désolation
Où ton inexistence était si forte. elle était devenue forme d'être.
En moi régnait la désolation. comme conversant à voix basse.
Mais les paroles n’avaient pas la force de franchir.
De franchir seulement. car il n'y avait pas quoi.
On se tourne vers le monde. on se tourne vers soi.
On voudrait n'habiter aucunement.
C'est le noyau habituel de l'infortune.
"Vous" était notre mode d'adresse. l’avait été.
Morte je ne pouvais plus dire que : "tu".
Jacques Roubaud
[...]
Amour, amour très loin tu t’es enfui
De mon cœur, qui fut si vif un jour,
Et brûlant même. De sa main froide
L’a serré la détresse ; en glace il s’est changé
Dans la fleur des années. Je me souviens du temps
Où tu me pénétrais. C’était ce temps
Léger irrévocable, alors que s’ouvre
Aux yeux enfants la misérable
Scène du monde et leur souci comme l’image
D’un paradis. D’une pure espérance
Et de désir, dans la poitrine du jeune homme,
Le cœur bondit ; et comme au jeu , comme à la danse
Déjà s’apprête à l’œuvre de la vie
Le malheureux mortel Ah, mais à peine,
Amour, t’avais-je vu, que la fortune
Avait déjà brisé mon être , et qu’à ses yeux,
Il ne convenait plus que de pleurer toujours.
Giacomo Leopardi
À l’heure où, dans le ciel, la Pléiade déroulait sa ceinture sertie de joyaux, j’arrivais à elle. Elle avait ôté ses vêtements comme pour dormir et guettait ma venue, habillée seulement d’une légère tunique. [..]
Nous sortions de sa tente. En marchant, elle laissait traîner derrière nous, pour effacer nos traces, le pan d’un manteau bariolé. Nous parvenions aux limites du campement et, un coin accueillant s’étant offert à nous, à l’abri d’une bande de sable haute et ondoyante,
Je tirais à moi ses deux nattes. Consentante, elle inclinait doucement un corps à la taille svelte et aux fines chevilles. Douce et blanche, son ventre était mince et plat et son cou lisse comme un miroir. [...] Sa taille avait la finesse d’une cordelette de cuir et sa jambe était aussi lisse que la tige du papyrus qui pousse à l’ombre des palmiers.
Le matin, c’était sur une couche semée de brins de musc qu’elle s’éveillait, s’y prélassant longtemps. On la servait car elle n’était la servante de personne.
Pour prendre, elle tendait des doigts fragiles et lisses, fins comme […] les rameaux d’un ishil. Le soir, son visage éclairait dans les ténèbres, comme la lampe d’un moine retiré du monde. [...] "
Imru l’Qays, (traduction de J.-J. Schmitt)
Jamais, jamais je ne pourrai
Dormir tranquille aussi longtemps
Que d'autres n'auront pas le sommeil et l'abri
Ni jamais vivre de bon coeur tant qu'il faudra que d'autres
Meurent qui ne savent pas pourquoi
J'ai mal au coeur, mal à la terre, mal au présent
Le poète n'est pas celui qui dit : je n'y suis pour personne
Il dit j'y suis pour tout le monde
Ne frappez pas avant d'entrer
Vous êtes déjà là
Qui vous frappe me frappe
J'en vois de toutes les couleurs
J'y suis pour tout le monde
Pour ceux qui meurent parce que les juifs, les indiens, les noirs
Il faut les tuer
Pour ceux qui meurent pour leurs idées
J'y suis pour tout le monde
Pour ceux qui triment parce que les pauvres
C'est fait pour travailler
Pour ceux qui paient les pots cassés du Profit
Et du mépris des hommes
Claude Roy