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La poésie

21 Février 2024, 01:14am

Publié par vertuchou

La poésie, c'est le carnet de voyage du moi.

Kheira Chakor

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Strophes pour se souvenir

20 Février 2024, 01:35am

Publié par vertuchou

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erevan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Louis Aragon

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Wandering Wanderer

19 Février 2024, 01:36am

Publié par vertuchou

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Paroles du solitaire

18 Février 2024, 01:06am

Publié par vertuchou

Au fil flottant d'amours fantasques et fatales
Je suis venu jusqu'au dur Vivre, inconsolé,
Par vos baisers bénits au grand néant volé,
Hasardeux rejeton de minutes brutales.

Complices, votre sang dans les veines je l'ai,
En moi vous fleurissez vieilles sèves vitales :
Mélancolique fleur aux trop rouges pétales,
Triste enfant dès la Vie à la Mort immolé.

Je ne passerai pas ma torche dans l'arène,
C'est le flambeau d'Isolde et je l'éteindrai seul ;
Nul n'outragera mon front blanc du nom d'aïeul ;

Sans m'être monnayé, pareil au fruit sans graine,
Je péris : en ce fils courbé sur tous tes pleurs,
Race, contemple-toi, comme Narcisse, et meurs.


Robert d'Humières

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Tu me regardes

17 Février 2024, 01:27am

Publié par vertuchou

Tu me regardes, tu me regardes de tout près, tu me regardes de plus en plus près, nous jouons au cyclope, nos yeux grandissent, se rejoignent, se superposent, et les cyclopes se regardent, respirent confondus, les bouches se rencontrent, luttent tièdes avec leurs lèvres, appuyant à peine la langue sur les dents, jouant dans leur enceinte où va et vient un air pesant dans un silence et un parfum ancien. Alors mes mains s'enfoncent dans tes cheveux, caressent lentement la profondeur de tes cheveux, tandis que nous nous embrassons comme si nous avions la bouche pleine de fleurs ou de poissons, de mouvements vivants, de senteur profonde. Et si nous nous mordons, la douleur est douce et si nous sombrons dans nos haleines mêlées en une brève et terrible noyade, cette mort instantanée est belle. Et il y a une seule salive et une seule saveur de fruit mûr, et je te sens trembler contre moi comme une lune dans l'eau.

Julio Cortázar, Marelle.

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L’amour est une science

16 Février 2024, 01:18am

Publié par vertuchou

L’amour est une science
Et de toi j’ai tout appris
Et j’écoute ton silence
Que je n’avais pas compris.
 
T’ai-je mal aimé cher ange !
Ange doux, ange brutal…
Pur limpide, sans mélange,
Fermé comme le cristal.

Jean Cocteau

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Tabac Royal

15 Février 2024, 01:30am

Publié par vertuchou

Henri Matisse, Tabac Royal, 1943.

Henri Matisse, Tabac Royal, 1943.

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Hymne à la beauté

14 Février 2024, 01:04am

Publié par vertuchou

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?


Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal

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La poésie est tout

13 Février 2024, 01:12am

Publié par vertuchou

La poésie est tout ce qui reste à l’homme pour proclamer sa dignité,

ne pas sombrer dans le nombre, pour que son souffle reste à jamais imprimé

et attesté dans le cri.

Abdellatif Laâbi

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Le matin se lève...

12 Février 2024, 01:17am

Publié par vertuchou

Le matin se lève toujours trop tôt
car le cœur ne vibre
que la nuit, dans le noir
recouvrant les rêves
un doux velours tendu
à la fenêtre, le verbe aimer
conjugué au futur
le contour d’une silhouette
encore inconnue
mais qui viendra un jour
dans ma vie
je la reconnaîtrai à ses lèvres
suspendues à la mer
ou à sa passion
pour les langues laissant chanter
leurs voyelles
Il faudra me fier à ces antennes
qu’on sent parfois sous la peau
ces frêles antennes
de papillon en éveil

Louise Dupré

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