Parfois
Parfois les nuages
Viennent reposer les gens
D’admirer la lune
Bashô
Coups de cœur
Parfois les nuages
Viennent reposer les gens
D’admirer la lune
Bashô
La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d'ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l'homme s'étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n'aura plus qu'à fermer les yeux pour que s'ouvrent les portes du merveilleux.
Paul Éluard
En me poursuivant, monde, qu'est-ce qui t'intéresse?
Comment est-ce que je t'offense, quand j'essaye juste
mettre des beautés dans ma compréhension
et pas ma compréhension des beautés?
Je n'apprécie ni les trésors ni les richesses,
et donc ça me rend toujours plus heureux
mettre la richesse dans ma compréhension
que ma compréhension des richesses.
Et je n'évalue pas la beauté qui a expiré
C'est le butin civil des âges
ni la richesse ne me plaît fementida,
prendre pour le meilleur de mes vérités
consommer des vanités de la vie
que de consommer la vie dans les vanités.
Sor Juana
Je veux te prendre, toi que je tiens haletante
Contre mes seins, les yeux noirs de consentement ;
Je veux te posséder [toute] comme un amant,
Je veux te prendre jusqu’au cœur !... Je veux te prendre !...
Ah ! rouler ma nudité sur ta nudité,
Te fixer, te dévorer les yeux jusqu’à l’âme,
Te vouloir, te vouloir !... Et n’être qu’une femme
Sur le bord défendu de la félicité !...
Et m’assouvir d’une possession ingrate
Qui voudrait te combler, t’atteindre, t’éventrer,
Et qui n’est rien qu’un geste vain d’ongle fardé
Fouillant de loin ta chair profonde et délicate !.
Lucie Delarue-Mardrus
Nous avons effleuré et survolé nos épaules avec les doigts fauves de l'automne. Nous avons lancé à grands traits la lumière dans les nids, nous avons éventé les caresses, nous avons créé des motifs avec de la brise marine, nous avons enveloppé de zéphyrs nos jambes, nous avons eu des rumeurs de taffetas au creux des mains.
Violette Leduc, Thérèse et Isabelle.
Malheurs du mois de janvier où les indifférents
midi pose son équation dans le ciel,
un or dur comme le vin d'une tasse pleine
remplissez la terre jusqu'à ses limites bleues.
Malheurs de cette époque semblables aux raisins
les petits qui groupaient le vert amer,
larmes confuses et cachées des jours
jusqu'à ce que la météo publie ses grappes.
Ouais, les germes, les douleurs, tout ce qui palpite
terrifié, dans la lumière crépitante de janvier,
il mûrira, il brûlera comme les fruits brûlés.
Les chagrins seront divisés: l'âme
donnera une rafale de vent, et l'habitation
il sera propre avec du pain frais sur la table.
Pablo Neruda
Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.
Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.
De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,
On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.
Alfred de Musset
Un bon poète n'est pas plus utile à l’État qu'un bon joueur de quilles.
François de Malherbe