Paroles du solitaire
Au fil flottant d'amours fantasques et fatales
Je suis venu jusqu'au dur Vivre, inconsolé,
Par vos baisers bénits au grand néant volé,
Hasardeux rejeton de minutes brutales.
Complices, votre sang dans les veines je l'ai,
En moi vous fleurissez vieilles sèves vitales :
Mélancolique fleur aux trop rouges pétales,
Triste enfant dès la Vie à la Mort immolé.
Je ne passerai pas ma torche dans l'arène,
C'est le flambeau d'Isolde et je l'éteindrai seul ;
Nul n'outragera mon front blanc du nom d'aïeul ;
Sans m'être monnayé, pareil au fruit sans graine,
Je péris : en ce fils courbé sur tous tes pleurs,
Race, contemple-toi, comme Narcisse, et meurs.
Robert d'Humières