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Coups de cœur
Prologue
Quand la fenêtre est close et que tout bruit s'éteint,
Écoute de ton cœur monter la voix suprême;
Ta musique est en lui, c'est là qu'est ton poème,
Comme les fleurs et les oiseaux sont au jardin.
Écoute. Pour saisir l'écho de ton destin,
Attentif, penche-toi longuement sur toi-même;
Le cœur que Dieu t'a fait, qu'il haïsse ou qu'il aime,
Heureux ou malheureux, contient le genre humain.
Poète, ta douleur ne t'est pas personnelle;
Ton âme souffre: hélas, des millions comme elle
Pleurent sans révéler au monde leur tourment!
Tous les cœurs sont pareils qui palpitent, en somme;
Dis le tien, tu diras celui des autres hommes:
Dans un morceau d'azur luit tout le firmament
Albert Lozeau
Oh ! Je ne sais pas
Oh ! Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’exulte. Je suis presque folle, de travailler, de t’aimer, de t’écrire, de penser à toi, d’écouter des disques, de danser dans la pièce quand mes yeux sont fatigués. Tu m’as donné de telles joies que peu m’importe ce qui peut m’arriver maintenant – je suis prête à mourir – et prête à t’aimer toute ma vie ! […] J’aimerais que tu embarques ta machine à écrire dans un taxi et que tu accoures jusqu’ici. Écris aujourd’hui à ta mère pour lui demander le jour et l’heure exacts de ta naissance. Je t’aime.
Lettre d’Anaïs Nin à Henry Miller, 8 septembre 1932
Je demande le silence
Je demande le silence
Maintenant qu'on me laisse tranquille
Qu'on s'habitue à mon absence
Je vais fermer les yeux
Je ne veux que cinq choses
Cinq racines préférées
L'une est l'amour sans fin
La seconde est de voir l'automne
Je ne puis vivre sans que les feuilles
Volent et retournent à la terre
La troisième est l'hiver grave
La pluie que j'aime la caresse
Du feu dans le froid sylvestre
En quatrième lieu l'été
Rond comme une pastèque
La cinquième ce sont tes yeux
Mathilde mienne Ma bien aimée
Je ne veux pas dormir sans tes yeux
Je ne veux pas vivre hors de ton regard
Je vais refaire le printemps
Pour que tu puisses encore me voir
Amis voici ce que je veux
C'est presque rien et quasiment tout
Maintenant si vous le voulez partez
Pablo Neruda
Strasbourg St Denis
Chanson d’après-midi
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n'est pas celui d'un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,
Je t'adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l'énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d'un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon coeur
Ton oeil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur !
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie
Charles Baudelaire
Je crois
Je crois que l’on sent la poésie comme la musique, comme l’amour, ou comme l’amitié, ou toutes les choses du monde. L’explication vient après.
Jorge Luis Borges, Entretiens, Littérature I
De quelle nuit
De quelle nuit es-tu venue ?
De quel jour ? Soudain tu es
Au cœur de tout. Les iris
Ont frémi ; le mot est dit.
François Cheng
Lovers
Le vampire
Tes boucles ténébreuses et lourdent coulent
sur tes blanches courbes comme un fleuve
et dans leur flot crépu et sombre je répands
les roses enflammées de mes baisers
Tandis que j'entrouvre les épais
anneaux, je sens le léger et froid
effleurement de ta main et un long frisson
me parcourir et me pénètre jusqu'aux os.
Tes pupilles chaotiques et farouches
étincellent au soupir
qui s'exhale et me déchire les entrailles,
et pendant que j'agonise, toi, assoiffée,
tu sembles un vampire sombre et obstiné
qui de mon sang ardent se repaît.
Efren Rebolledo