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Coups de cœur
Haïku
Devant l’éclair –
sublime est celui
qui ne sait rien !
Matsuo Bashö
Victoire
Victoire, ton visage est tout près du mien, je sens ton souffle. Il est frais, presque froid. Je ne comprends pas tes mots, mais ils sont doux, tellement. Je plonge dans tes yeux et me noie dans ton regard. Tu m'accueilles, et par ta grâce, le ciel s'ouvre pour nous seules, et nous dansons, dansons, si étroitement enlacées que nos corps ne font qu'un.
Notre peau dans le ciel si clair.
Nos yeux. Je les ferme.
Je suis le ciel.
Je suis toi.
Léonor de Récondo, Amours
Dis-toi que tout est illusion
Dis-toi que tout est illusion
Néanmoins ce néant est tout
Cet inépuisable
trésor d'apparence
Le merle qui chante
la pluie qui commence à tomber
les feuilles qui verdoient
l'arc-en-ciel qui se montre
Réalité ou rêve
Quelle différence ? J'ai vu...
Say all is illusion
Yet that nothing all
This inexhaustible
Treasury of seeming
The blackbird singing,
The rain coming on,
The leaves green,
The rainbow appearing,
Reality or dream
What difference I have seen.
Kathleen Raine
Jesu, meine Freude BWV 227
Illuminations
Quel ennui, l'heure du « cher corps » et « cher coeur ».
C'est elle, la petite morte, derrière les rosiers.
— La jeune maman trépassée descend le perron —
La calèche du cousin crie sur le sable
— Le petit frère — (il est aux Indes !) là, devant le couchant, sur le pré d'oeillets.
— Les vieux qu'on a enterrés tout droits dans le rempart aux giroflées.
L'essaim des feuilles d'or entoure la maison du général.
Ils sont dans le midi. — On suit la route rouge pour arriver à l'auberge vide.
Le château est à vendre ; les persiennes sont détachées.
— Le curé aura emporté la clef de l'église.
— Autour du parc, les loges des gardes sont inhabitées.
Les palissades sont si hautes qu'on ne voit que les cimes bruissantes.
D'ailleurs il n'y a rien à voir là-dedans.
Les prés remontent aux hameaux sans coqs, sans enclumes.
L'écluse est levée. Ô les calvaires et les moulins du désert, les îles et les meules.
Arthur Rimbaud
J'aime la poésie française
J'aime la poésie française contemporaine qui s'écrit
sur les différents continents parce qu'elle est écrite
autant avec la tête qu'avec le ventre.
La solidarité avec tous ceux qui s'opposent,
tel est le sens de mon engagement en poésie.
Et, si la poésie ne peut changer le monde,
elle aide à vivre.
Anise Koltz
J'ai retenu la vie…
J'ai retenu la vie
Pour que dure l'instant sous le poids des mémoires
j'ai retenu la nuit
plus doucement qu'une main de femme
plus longuement sans oublier
contre des murs vivants
sur un étroit chemin utile comme un arbre
Pour que le don de Mort recouvre les eaux sures
J’ai retenu la mer
loin des cathédrales dont elle se glorifie
loin de ces araignées qui tissent encore des vagues pour attirer la plage
et des rochers tordus où s’en ira la vie
j'ai retenu la vie
j'ai retenu la mer
Pour que reste le cri des oiseaux de l'orage
ceux qui n'ont plus rien dit depuis la grande attente
ceux qui prient chaque fois pour les morts en puissance
et détiennent la tour d'où soufflent tous les vents
j'ai retenu la mer
la nuit est moins féroce
qui permet au soleil
un temps de revenir
Nadia Tuéni
Batman
Pour tout doucement se griser
Pour tout doucement se griser
Nous ne connaissons rien de tel
Que sur nos lèvres le baiser
De l'aurore, rose cocktail.
Raymond Radiguet