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Gnossienne No.1

20 Novembre 2024, 01:49am

Publié par vertuchou

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Ciel nocturne et chute d'étoile

19 Novembre 2024, 01:41am

Publié par vertuchou

Le ciel, grand, plein de retenue splendide,
une provision d'espace, un excès de monde.
Et nous, trop loin pour nous laisser façonner,
trop près pour nous en détourner.

Là-bas une étoile tombe ! Et notre désir à la voir,
d'un regard bouleversé, rivé à elle et pressant :
Quelles choses ont commencé et lesquelles disparu ?
Quelles choses sont coupables ? Et lesquelles pardonnées ?

Rainer Maria Rilke

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Sonnet

19 Novembre 2024, 01:40am

Publié par vertuchou

Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :

Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.

Bury, le 10 août 1838.
Alfred de Musset.

 

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Elle est nue de dos face à la fenêtre.

18 Novembre 2024, 01:45am

Publié par vertuchou

Elle est nue de dos face à la fenêtre. Les cheveux remontés en chignon. Dehors la lumière est vive. Si je devais la photographier à cet instant précis, je serais à contre-jour et elle, prise sous un effet de halo, ses fesses rondes et blanches ressortiraient sur la pellicule. Ce serait beau. Son bras gauche tient une serviette et laisse percer un triangle de couleur vive au cœur de sa peau brune. Je ne vois pas l’autre bras, juste sa main au niveau du cou qui tripote le lobe de son oreille. Elle a les jambes légèrement écartées. Elle m’entend ou me devine derrière elle

Cyrille Falisse, Seuls les fantômes.

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Je suis

17 Novembre 2024, 01:46am

Publié par vertuchou

  Je suis la séparée, la traversante
    corps illimité au prolongement des paysages
    ___

    au long des crêtes, des failles
    nos brèches, des horizons
    ___

    Je n’oublie pas
    tout ce noir entré dans ta bouche
    ___

    et l’orée d’une route
    ___

    elle va, rejoint
    ma peau à l’étendue


Ida Jaroschek

 

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Sono sposa e sono amante

16 Novembre 2024, 11:27am

Publié par vertuchou

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Les séparés

15 Novembre 2024, 01:37am

Publié par vertuchou

N'écris pas - Je suis triste, et je voudrais m'éteindre

Les beaux été sans toi, c'est la nuit sans flambeau

J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,

Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau

N'écris pas !

 

N'écris pas - N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes

Ne demande qu'à Dieu ... qu'à toi, si je t'aimais !

Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,

C'est entendre le ciel sans y monter jamais

N'écris pas !

 

N'écris pas - Je te crains; j'ai peur de ma mémoire;

Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent

Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire

Une chère écriture est un portrait vivant

N'écris pas !

 

N'écris pas ces mots doux que je n'ose plus lire :

Il semble que ta voix les répand sur mon cœur;

Et que je les voix brûler à travers ton sourire;

Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur

N'écris pas !

 

Marceline Desbordes-Valmore

 

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Enfance et poésie

14 Novembre 2024, 01:46am

Publié par vertuchou

Enfance et poésie ! Que l'une est éphémère et que l'autre est trompeuse ! L’enfance est un papillon qui se hâte de brûler ses blanches ailes aux flammes de la jeunesse, et la poésie est semblable à l’amandier : ses fleurs sont parfumées et ses fruits sont amers.

Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit.

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Que la vie en vaut la peine

13 Novembre 2024, 01:59am

Publié par vertuchou

C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Louis Aragon

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Il disait

13 Novembre 2024, 01:40am

Publié par vertuchou

Il disait
nous nous offrirons
l’un à l’autre
de beaux moments
de manque.

Je serai à jamais
votre fiancé invisible.
Votre fiancé infini.
Ensemble
par-delà les lieux et les heures.

Corinne Hoex

 

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