Tu es allongé
Tu es allongé à côté de moi et ma main est écartée comme une étoile de mer sur ta poitrine. Je peux sentir l'océan au bout de mes doigts.
Caitlyn Siehl, Literary Sexts
Coups de cœur
Tu es allongé à côté de moi et ma main est écartée comme une étoile de mer sur ta poitrine. Je peux sentir l'océan au bout de mes doigts.
Caitlyn Siehl, Literary Sexts
Toi et moi
Tu serais rêve
Je serais vent
Gu Cheng
Renverse-toi que je prenne ta bouche,
Calice ouvert, rouge possession,
Et que ma langue où vit ma passion
Entre tes dents s'insinue et te touche :
C'est une humide et molle profondeur,
Douce à mourir, où je me perds et glisse ;
C'est un abîme intime, clos et lisse,
Où mon désir s'enfonce jusqu'au cœur...
- Ah ! puisse aussi t'atteindre au plus sensible,
Dans son ampleur et son savant détail,
Ce lent baiser, seule étreinte possible,
Fait de silence et de tiède corail ;
Puissé-je voir enfin tomber ta tête
Vaincue, à bout de sensualité,
Et détournant mes lèvres, te quitter,
Laissant au moins ta bouche satisfaite !...
Lucie Delarue-Mardrus
Des milliers et des milliers d'années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée
Un matin dans la lumière de l'hiver
Au parc Montsouris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre.
Jacques Prévert
Pour être poète, il faut du temps : Bien des heures de solitude, seul moyen pour que quelque chose prenne forme, pour donner style au chaos.
Pier Paolo Pasolini
Seulette suis, et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée.
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur malaisée,
Seulette suis, plus que nulle égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, à huis ou à fenêtre,
Seulette suis, en un anglet muciée,
Seulette suis, pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien qui tant messiée,
Seulette suis, en ma chambre enserrée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, partout et en tout aître,
Seulette suis, que je marche ou je siée,
Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis, souvent toute éplorée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée :
Seulette suis, de tout deuil menacée,
Seulette suis, plus teinte que morée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Christine de Pisan
Jetez un os au chien pour que ses aboiements ne résonnent,
Faites taire les pianos et au son d'un tambour voilé
Sortez le cercueil, qu'avance le cortège endeuillé.
Que les avions tournoyant dans les airs déplorent
Et tracent sur le ciel le message Il est mort.
Nouez des rubans de crêpe au cou blanc des pigeons des squares,
Et que les mains des gendarmes soient gantées de coton noir.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de labeur et mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma langue, ma chanson ;
Je croyais que l'amour durerait à jamais : je sais à présent que non.
Eteignez les étoiles ; elles ne sont pas conviées à la veille.
Remballez la lune et démontez le soleil,
Videz l'océan et balayez les forêts ;
Car plus rien de bon ne saurait advenir désormais.
W.H. Auden