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Vertuchou.over-blog.com

Je n'oublierais jamais la façon

6 Juin 2024, 00:23am

Publié par vertuchou

Je n'oublierais jamais la façon qu'il tenait son cou. Ils ne flirtaient pas, ne faisaient aucun geste érotique ou démonstratif, mais leur intimité était électrique. Il tenait son cou. Ce n'était pas un geste possessif, c'était fusionnel.

Lucia Berlin,  Manuel à l'usage des femmes de ménage.

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Le noyé

5 Juin 2024, 01:42am

Publié par vertuchou

Le noyé qui gît là dans l’herbe de la berge,
n’ayant plus rien d’humain qu’une main non rongée
où luit un anneau d’or,
poussé du pied par vous avec haine et dégoût
ainsi que la charogne d’une bête mauvaise,
parce qu’il est vêtu d’un dolman ennemi
était pourtant un homme – un homme – un tout jeune homme
nourri d’air, de soleil, d’amour, tout comme vous.
Peut-être que chez lui vivait sa douce mère,
sûrement son épouse, peut-être des enfants !

Songez, quelle agonie angoissée loin des siens
il dut avoir, blessé, dans l’ombre de la nuit
et l’eau froide et profonde.

Qu’une pensée humaine au moins soit son linceul.

Lucien Jacques

 

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Concerto in E minor for Bassoon

4 Juin 2024, 00:21am

Publié par vertuchou

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Je me tiens

3 Juin 2024, 00:52am

Publié par vertuchou

Je me tiens
là où le bleu de la mer
est sans limites

Taneda Santoka

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La création poétique

2 Juin 2024, 00:45am

Publié par vertuchou

La création poétique est un mystère indéchiffrable, comme le mystère de la naissance de l'homme. On entend des voix, on ne sait pas d'où, et ça ne sert à rien de se soucier d'où elles viennent.

Federico García Lorca

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Vole vole vole

1 Juin 2024, 01:39am

Publié par vertuchou

Quand je serai un oiseau

je n’aurai plus jamais le vertige,

plus jamais la voix enrouée,

et je sifflerai dans le ciel

pour faire avancer le soleil.

 François David

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Réalité absolue

31 Mai 2024, 01:42am

Publié par vertuchou

Joan Miró. Réalité absolue. Paris, 1920–1945.

Joan Miró. Réalité absolue. Paris, 1920–1945.

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L'agonisant

30 Mai 2024, 01:17am

Publié par vertuchou

Ce doit être bon de mourir,
D’expirer, oui, de rendre l’âme,
De voir enfin les cieux s’ouvrir ;
Oui, bon de rejeter sa flamme
Hors d’un corps las qui va pourrir ;
Oui, ce doit être bon, Madame,
Ce doit être bon de mourir !

Bon, comme de faire l’amour,
L’amour avec vous, ma Mignonne,
Oui, la nuit, au lever du jour,
Avec ton âme qui rayonne,
Ton corps royal comme une cour ;
Ce doit être bon, ma Mignonne,
Oui, comme de faire l’amour ;

Bon, comme alors que bat mon coeur,
Pareil au tambour qui défile,
Un tambour qui revient vainqueur,
D’arracher le voile inutile
Que retenait ton doigt moqueur,
De t’emporter comme une ville
Sous le feu roulant de mon coeur;

De faire s’étendre ton corps,
Dont le soupirail s’entrebâille.
Dans de délicieux efforts,
Ainsi qu’une rose défaille
Et va se fondre en parfums forts,
Et doux, comme un beau feu de paille ;
De faire s’étendre ton corps ;

De faire ton âme jouir,
Ton âme aussi belle à connaître,
Que tout ton corps à découvrir ;
De regarder par la fenêtre
De tes yeux ton amour fleurir,
Fleurir dans le fond de ton être
De faire ton âme jouir ;

D’être à deux une seule fleur,
Fleur hermaphrodite, homme et femme,
De sentir le pistil en pleur,
Sous l’étamine toute en flamme,
Oui d’être à deux comme une fleur,
Une grande fleur qui se pâme,
Qui se pâme dans la chaleur.

Oui, bon, comme de voir tes yeux
Humides des pleurs de l’ivresse,
Quand le double jeu sérieux
Des langues que la bouche presse,
Fait se révulser jusqu’aux cieux,
Dans l’appétit de la caresse,
Les deux prunelles de tes yeux ;

De jouir des mots que ta voix
Me lance, comme des flammèches,
Qui, me brûlant comme tes doigts,
M’entrent au cœur comme des flèches,
Tandis que tu mêles ta voix
Dans mon oreille que tu lèches,
À ton souffle chaud que je bois ;

Comme de mordre tes cheveux,
Ta toison brune qui ruisselle,
Où s’étalent tes flancs nerveux,
Et d’empoigner les poils de celle
La plus secrète que je veux,
Avec les poils de ton aisselle,
Mordiller comme tes cheveux ;

D’étreindre délicatement
Tes flancs nus comme pour des luttes,
D’entendre ton gémissement
Rieur comme ce chant des flûtes,
Auquel un léger grincement
Des dents se mêle par minutes,
D’étreindre délicatement,

De presser ta croupe en fureur
Sous le désir qui la cravache
Comme une jument d’empereur,
Tes seins où ma tête se cache
Dans la délicieuse horreur
Des cris que je t’arrache
Du fond de ta gorge en fureur ;

Ce doit être bon de mourir,
Puisque faire ce que l’on nomme
L’amour, impérieux plaisir
De la femme mêlée à l’homme,
C’est doux à l’instant de jouir,
C’est bon, dis-tu, c’est bon oui comme,
Comme si l’on allait mourir ?

Germain Nouveau

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Tu aimais

29 Mai 2024, 01:34am

Publié par vertuchou

Tu aimais la courbe de ma nuque, le parfum de mes cheveux. Ma passion des fleurs, des couleurs, la robe violette achetée à Rome, mes courgettes grillées sur la braise. Et ma patience, disais-tu. Tu aimais le terrier odorant de mes aisselles, mon rire, ma purée d'olives et d'anchois, le calme lisse de mon sommeil, ma discrétion tout au long du jour et mon impudeur dans la jouissance. Tu aimais m'entendre chantonner en me coiffant, rire et babiller avec notre fils. Tu aimais lorsque j'offrais mon visage à la pluie de septembre. Tu m'aimais.

Claude Pujade-Renaud, Dans l'ombre de la lumière.

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Dans Paris

28 Mai 2024, 01:26am

Publié par vertuchou

Dans Paris il y a une rue ;
Dans cette rue il y a une maison ;
Dans cette maison il y a un escalier ;
Dans cet escalier il y a une chambre ;
Dans cette chambre il y a une table ;
Sur cette table il y a un tapis ;
Sur ce tapis il y a une cage ;
Dans cette cage il y a un nid ;
Dans ce nid il y a un œuf,
Dans cet œuf il y a un oiseau.
L'oiseau renversa l'œuf ;
L'œuf renversa le nid ;
Le nid renversa la cage ;
La cage renversa le tapis ;
Le tapis renversa la table ;
La table renversa la chambre ;
La chambre renversa l'escalier ;
L'escalier renversa la maison ;
La maison renversa la rue ;
La rue renversa la ville de Paris.

Paul Éluard

 

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